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et le régime dont elle était le principal ressort n’avait de la liberté que l’apparence. Son application eût ravivé les vieilles querelles et conduit, soit à un fâcheux retour au système du gouvernement par décrets, soit, sous la pression des circonstances et de l’opinion, à une concession hâtive, mal étudiée, de tous les droits du self-government.

Mais on savait déjà en Afrique et à Londres que ni l’une ni l’autre de ces éventualités ne se produirait ; car au moment où ce premier essai de Constitution allait entrer en vigueur au Transvaal, on prévoyait que l’émancipation des colonies annexées ferait bientôt un pas plus décisif. Les jours du gouvernement conservateur en Angleterre étaient, en effet, comptés, et les déclarations des chefs du parti libéral rassuraient les Afrikanders, de même qu’elles consternaient les partisans de la politique d’attente caractérisée par la Constitution de 1905.

On sait que le ministère de M. Bal four n’attendit pas la fin de l’année pour céder la place à un cabinet formé sous la présidence de sir H. Campbell Bannerman, auquel les élections de janvier 1906 donnèrent une très forte majorité. La question de l’autonomie pour le Transvaal et l’Orange allait donc renaître. Elle ne tarda pas à être résolue.

Précédé d’une déclaration faite par le gouvernement à la Chambre des Communes en juillet 1906, l’événement eut lieu en décembre de la même année pour le Transvaal et en juin de l’année suivante pour la colonie d’Orange. Le temps écoulé depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir n’avait pas été employé à discuter le principe de l’émancipation, mais à procéder aux enquêtes nécessaires. Il ne s’agissait plus de relâcher légèrement un lien qu’on eût pu resserrer de nouveau, de tenter une expérience, — suivant l’expression de M. Lyttelton, — mais d’abandonner sans retour les droits les plus essentiels de gouvernement, ne réservant que le principe de souveraineté. En rédigeant cette Charte, il fallait tenir compte d’élémens fort complexes, d’intérêts de natures parfois opposées, de sentimens et de susceptibilités de l’ordre le plus délicat. Renfermer dans un cadre assez large pour qu’elle pût s’y mouvoir aisément, assez limité pour qu’elle ne s’égarât pas en d’imprudentes tentatives, l’action des gouvernemens coloniaux, désormais livrés à eux-mêmes, nécessitait une étude approfondie des faits et des circonstances. Enfin, tout en s’inspirant des mêmes principes à l’égard des deux colonies, on