Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 53.djvu/878

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aucune mesure analogue n’était prise à l’égard de la colonie d’Orange : « La question de l’Orange, disait le ministre, est moins urgente, et nous croyons préférable d’attendre les premiers résultats de l’expérience tentée au Transvaal. » Le véritable motif de l’ajournement était la plus grande prépondérance numérique de l’élément boër sur l’élément anglais dans l’ancien « État libre. »

Tandis qu’en Angleterre les conservateurs, approuvant le gouvernement, faisaient toutefois des réserves sur la hardiesse d’aussi larges concessions, la nouvelle Constitution était fraîchement accueillie au Transvaal par les associations politiques boërs et mollement défendue par les colons d’origine anglaise. Dès le 1er mai, le Comité central du Het Volk (organisation représentant les intérêts des propriétaires terriens, en grande majorité boërs), dans une déclaration signée du général Louis Botha, formulait d’acerbes critiques, et concluait en exprimant le désir de voir bientôt le gouvernement et la nation britanniques reconnaître l’insuffisance des nouvelles mesures : « La prospérité du Transvaal, disait ce manifeste, ne peut résulter que delà confiance accordée à son peuple et du maintien des principes de justice qui font si grand honneur à la Constitution anglaise. Dans le cas présent, l’essence même de ces principes semble avoir été perdue de vue. »

Aux yeux de tout observateur impartial, la déception des Transvaaliens devait paraître justifiée. Trop de précautions avaient été prises pour conserver à l’élément anglais la direction des affaires. L’initiative en matière budgétaire, le contrôle des recettes et des dépenses, étaient réservés au gouvernement. Les affaires indigènes, l’organisation de la police, celle des chemins de fer, étaient placées également hors des attributions de l’Assemblée ; et dans celle-ci l’usage de la langue hollandaise ne pouvait être autorisé que par permission spéciale du président. D’autre part, on avait remanié les circonscriptions électorales sur des bases défavorables à la population boër, de telle sorte que le nombre des députés élus fût à peu près le même de chaque côté. L’appoint des votes des membres fonctionnaires devait alors assurer au parti du gouvernement une solide et permanente majorité.

Telle que l’organisait la Constitution de 1905, l’Assemblée législative du Transvaal n’était donc pas un Parlement sérieux,