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décourage pas !… En somme, toutes ses peines ne sont pas perdues. Elle apprend à lire et à écrire à de petits misérables ; elle les soigne, les nettoie, les habille ; elle leur distribue des collyres, des lunettes bleues pour leurs ophtalmies, du savon pour se laver, et, la plupart du temps, des vivres ou du pain… Vraiment, cette femme est très charitable ! Elle fait beaucoup de bien ! »

Ces derniers mots du Père Franciscain résument tout le programme des missionnaires occidentaux : faire du bien ! A cela se limite forcément la plus grande part de leur effort. Je n’ai pas à chercher, ici, si la politique et les intérêts matériels de leur pays ou de leurs associations bénéficient, en fin de compte, de leur œuvre. Je m’en tiens au but le plus apparent de leurs travaux. Or, ce but, ils le poursuivent, en général, avec une abnégation et un dévouement qu’on ne connaîtra jamais assez.

Ils font donc du bien, beaucoup de bien, et ils le font en instruisant, en soulageant la misère, en ouvrant des écoles, des hospices et des orphelinats. Nous avons parlé ailleurs de leurs entreprises pédagogiques. Pour ce qui est de leur zèle charitable, un volume entier ne suffirait pas à épuiser la matière. La beauté de leur tâche, la multitude de leurs fondations obligent au respect même les juges les plus prévenus contre eux. Il y a d’ailleurs, entre toutes les confessions occidentales, une ardente émulation de charité. La Palestine, en particulier, est une sorte de champ clos où les bonnes œuvres se donnent carrière. C’en est même inquiétant. On trouve peut-être qu’il y en a trop, que cette ardeur bienfaisante est excessive, qu’elle risque de gâter ses cliens, en les dispensant de travailler pour eux-mêmes et par eux-mêmes et de prévoir le lendemain. Dans les moindres bourgades, il y a au moins un hôpital et une pharmacie gratuite. Rien qu’à Bethléem, qui ne compte pas plus de 8 000 habitans, les maisons de secours, les établissemens hospitaliers sont en si grand nombre, qu’on est obligé de choisir pour en donner une idée approchante : la liste complète serait interminable ! Dispensaire des Franciscains, orphelinat des sœurs de Saint-Joseph, école professionnelle du Père Beloni, hospice des Sœurs de Charité, orphelinat de la Mission protestante allemande, etc. ! Quant à Jérusalem, la ville tout entière n’est qu’un vaste hôpital, une hôtellerie perpétuellement ouverte aux passans.

Les pauvres du pays, — et ils représentent facilement les