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Mercredi, 24 septembre 1823. — «… Vous m’avez blessé ce soir au point que je ne vous le pardonnerai jamais. Il y a un terme à tout, et quand l’injustice va si loin, elle affranchit. »


Mercredi matin [1er octobre]. — «… Un mot d’amitié ? Ne vous ai-je pas dit depuis vingt ans un million de paroles ? »


Samedi matin [4 octobre] , — « Chère sœur, rien de nouveau. Ne grondez pas, nous sommes au milieu de l’événement, et en vérité, je ne puis quitter Paris pour un seul quart d’heure. »


Mercredi matin. — « Je dîne à 5 heures et demie chez l’ambassadeur d’Autriche ; ainsi, je ne pourrais vous voir très tard. A demain donc. Je ne puis rien à toutes les folies tristes que vous me dites. Vous aurez vos étrennes, mais je voudrais que vous puissiez passer vingt-quatre heures au ministère pour juger de mes loisirs. »


Dimanche. — « Je ne sais ce que vous voulez. Vous me tourmentez. Vous me faites mourir de chagrin. Soyez injuste, puisque vous voulez l’être. Je ne sais plus de remède à une imagination qui gâte tout, exagère tout et détruit tout. »


[1823]. — « Mme de C*** n’est point ici. Je suis accablé de travail. J’ai pourtant fait mettre mes chevaux pour aller vous voir. Mais cette violence est bien peu fondée… »


[1823]. — « Votre ennemie n’est pas arrivée. Hier, c’était le conseil, j’ai été forcé d’aller chez le Roi. Lisez le journal. Bon Dieu ! ne recommencez pas vous-même vos tracasseries… »


Les dernières années de Mme de Duras n’ont guère été qu’un long martyre. A ses peines morales, dont sa vive imagination lui faisait souvent exagérer l’acuité, étaient venues se joindre de violentes souffrances physiques. Elle avait en vain cherché un « divertissement, » — ou un dérivatif, — dans les Lettres. Les deux romans que nous avons d’elle, — et dont l’un au moins, Edouard, mériterait d’être mieux connu, et non pas