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aussi. Croiriez-vous qu’ils ont eu l’insolence de me faire demander indirectement si j’accepterais la présidence de l’Instruction publique sans entrer au Conseil ? Moi, chef de division sous Corbière ! Les misérables ! Je n’ai jamais été si blessé. Mathieu a déjà perdu la tête de joie. Il faut prendre notre parti et ne plus nous tourmenter de cela. D’ailleurs, chaque jour qui s’écoule rend la chose plus difficile. Au reste, ils parlent aussi, mais vaguement, d’une ambassade. Voilà mes nouvelles. Savez-vous autre chose ?… »

9 heures. — « J’en tremble de colère en vous écrivant. « L’Instruction publique sans entrer au Conseil ! Monsieur me demande à l’instant, sans doute pour me prêcher dans le même sens. Je vais lui dire tout ce que j’ai sur le cœur… »


[Janvier 1822.] — « Eh ! bon Dieu ! Je sais tout cela. Que voulez-vous que j’y fasse ? N’est-il pas clair que Mathieu doit nommer Adrien de préférence à moi ? Et d’ailleurs, cette ambassade, me la propose-t-on ? Rester en dehors de tout est ce qu’il y a de mieux.

« Vous radotez sur l’Abbaye. Je n’y dis rien, je n’y fais rien, mais ce bruit que je dois ou que je veux aller à Londres, est si public, si général, c’est une idée si naturelle et qui se présente à tant de monde, qu’on dit cela partout sans qu’il y ait de secret confié ou trahi. « Je suis enfin en paix, parce que je ne veux rien et que je me suis habitué à cette idée. Alors, peu m’importe l’opposition du Centre ou le refroidissement de la Droite, s’il doit avoir lieu. Pouvez-vous me demander ce que je deviendrai ? Je deviendrai moi. Je suis désolé de votre rhume. »


Vérone, le 18 octobre 1822. — « Je vous ai écrit en arrivant ici. Je n’ai rien à vous dire de nouveau. J’ai dîné hier chez le prince Metternich. Je dois voir demain les empereurs et les rois. On dit toujours que dans un mois tout sera fini. Chacun est pressé de s’en aller. Mathieu parle de nous quitter dans huit ou dix jours, mais je pense qu’il restera jusqu’à la fin du Congrès. On s’ennuie beaucoup ici… Ce qui m’afflige, c’est que l’Italie ne me fait rien. Je ne suis plus qu’un vieux voyageur qui ai besoin de mon gîte, et puis de ma fosse. Quand on a âge de Congrès, tout est fini… »