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O cœur chaste, inconnu du monde, cœur charmant,
Ainsi toi, dans la lutte ou dans l’accablement,
Tu reposes mon âme lasse
De porter les soucis et le fardeau du jour,
Et, rafraîchi soudain par ton fidèle amour
Qui demeure alors que tout passe,

Je chante dans la paix du foyer, louant Dieu
D’avoir mis sur ma route un coin de son ciel bleu,
Une halte douce et choisie,
Et sous notre humble toit, d’avoir joint à ma part
Ces deux trésors divins : ton amour et mon art,
Cette source et la Poésie !


HÉLÈNE


Type transfiguré de la beauté plastique,
Hélène éclipse tout de son front radieux ;
Elle pousse au combat les hommes et les dieux
Et son charme remplit la poésie antique.

Quiconque l’aperçoit, au cœur et dans les yeux
En garde, inconsolé, l’obsession magique,
Et désormais n’a plus que ce désir unique :
Mourir sous son regard toujours victorieux !

Ainsi, le cœur étreint d’une tristesse immense
Qui parfois se dissipe et toujours recommence,
Fier du martyre, ô gloire, auquel tu le soumets,

L’artiste génial, possédé par son rêve,
Épuisera ses jours à poursuivre sans trêve
L’idéal immortel qu’il n’atteindra jamais !


A FRÉDÉRIC MISTRAL


(pour le cinquantenaire de Mireille).


Cinquante ans de génie et cinquante ans d’honneur,
Où, comme des soleils, éclosent les chefs-d’œuvre
Déconcertant l’envie et ses basses manœuvres,
Tant ils sont, coup sur coup, rayonnans de splendeur !