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offenses qui entraînent fatalement la guerre, quelle puissance au monde serait capable d’arrêter le cours des destins ?

Le 30 novembre 1908, l’ambassadeur japonais, baron Takahira, et le secrétaire d’État, M. Root, échangent à Washington des notes ainsi conçues :


Du baron Takahira à M. Root.


Washington, 30 novembre 1908.

Monsieur,

L’échange de vues qui eut lieu entre nous, lors des récens entretiens que j’eus l’honneur d’avoir avec vous, a démontré que le Japon et les Etats-Unis ayant d’importantes possessions insulaires dans l’Océan Pacifique, les deux pays poursuivent un but, une politique et des intentions communs dans cette région. Croyant qu’un exposé loyal et réciproque de ce but, de ces intentions et de cette politique, non seulement tendrait à fortifier les relations d’amitié et de bon voisinage qui existèrent de tout temps entre le Japon et les États-Unis, mais encore contribuerait matériellement au maintien de la paix générale, le gouvernement impérial du Japon m’a autorisé à vous soumettre cet aperçu de son interprétation desdits but, politique et intentions communément poursuivis :

1° C’est le désir des deux gouvernemens d’encourager le libre et paisible développement de leur commerce sur l’Océan Pacifique.

2° La politique des deux gouvernemens, sans se laisser influencer par aucune tendance agressive, est dirigée vers le maintien du statu quo dans la région susmentionnée et vers la défense du principe des chances égales pour le commerce et l’industrie de toutes les nations en Chine.

3° Ils sont ensemble fermement résolus au respect réciproque des possessions territoriales qui appartiennent à chacun d’eux dans ladite région.

4° Ils sont aussi déterminés à garantir les intérêts communs de toutes les puissances en Chine en soutenant, par tous les moyens pacifiques à leur disposition, l’indépendance et l’intégrité de la Chine, ainsi que le principe des chances égales pour le commerce et l’industrie de toutes les nations dans cet Empire.

5° Si quelque événement vient à menacer le statu que tel qu’il est défini ci-dessus, ou le principe des chances égales comme il est mentionné, il reste aux deux gouvernemens à se mettre en rapport afin de s’entendre sur les mesures qu’ils pourront juger utile de prendre.

Si ce plan concorde avec les vues du gouvernement des États-Unis, je serai heureux d’en recevoir de vous la confirmation.


De M. Root à M. Takahira.


Excellence,

J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre note d’aujourd’hui indiquant le résultat des échanges de vues qui eurent lieu entre nous lors de nos récens entretiens et définissant l’entente des deux gouvernemens en ce qui concerne leur politique dans les régions de l’Océan Pacifique. C’est pour