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les puisse contraindre. Ils sont libres de s’en aller quand ils le jugent à propos.

— Tous vos élèves, lui demandai-je, assistent-ils au service ?

— C’est une obligation stricte, me dit-il. Notre collège n’aurait plus sa raison d’être, s’il n’était chrétien. Matin et soir, nous avons des prières tous les jours de la semaine, et le dimanche explication de la Bible ; enfin, chaque dimanche, culte et sermon. Nos étudians, sans exception, doivent participer au moins à l’un ou l’autre de ces exercices !

Je ne sais trop comment les Musulmans, en particulier, s’accommodent de ce pieux régime. Toujours est-il qu’ils manifestent moins de défiance à l’égard du Collège américain qu’à l’égard de l’Université Saint-Joseph, bien que cependant, chez les Jésuites, l’assistance aux offices soit facultative.

Grâce au caractère pratique de son enseignement, et, — il faut bien le dire aussi, — grâce à l’énorme budget dont elle dispose, l’Université protestante est, comme l’autre, en pleine prospérité. Ses gradués sont répandus un peu partout, soit dans l’armée et l’administration ottomane, ou égyptienne, soit dans le commerce et les professions libérales. Ces doux établissemens se complètent plutôt qu’ils ne se nuisent. Chacun a sa clientèle : les jésuites ont les catholiques, les protestans ont les orthodoxes ; et, ainsi, tout est pour le mieux.


Mais ces différentes écoles, si largement ouvertes qu’elles soient à l’enseignement supérieur, sont avant tout professionnelles et non spéculatives. Il n’existe, dans tout l’Orient, qu’une seule maison exclusivement consacrée à la science pure, — à la fois séminaire intellectuel et laboratoire de découvertes : c’est l’Ecole biblique de Jérusalem, actuellement dirigée par des Dominicains français.

Edifié sur le lieu traditionnel du martyre de saint Etienne, leur établissement est un des plus considérables et des plus beaux de cette Palestine, où, pourtant, toutes les nations occidentales rivalisent de magnificence dans leurs bâtimens. Ici encore, il faut admirer le génie constructeur de l’Eglise, vraiment romaine en cela. Il n’y a guère plus de vingt-cinq ans, on ne voyait en cet endroit, voisin de la Porte de Damas, que des terrains vagues et un abattoir. Aujourd’hui, on y voit une superbe basilique de style romano-byzantin, un cloître entouré de vastes