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intelligences orientales. Ce sont là façons de penser européennes, qui ne les choquent pas moins que le catholicisme le plus dogmatique et le plus autoritaire. La preuve en est que les protestans, malgré toutes leurs concessions, ne convertissent pas plus que nos congréganistes avec toute l’intransigeance de leur orthodoxie.

Nous quittâmes vite ce terrain brûlant, où nous marchions d’ailleurs d’un pas mal assuré, et nous abordâmes les questions d’ordre matériel. Je sus bientôt que le collège américain compte environ huit cents élèves, un peu plus que celui des Jésuites. Ces élèves sont, en majorité, des Syriens, des Arméniens, des Grecs, même catholiques. Il faut y ajouter une centaine de Musulmans, Persans, Hindous et surtout Égyptiens ; ces derniers sont attirés en assez grand nombre vers le collège protestant par la facilité qu’ils y ont d’apprendre l’anglais. Quant à l’enseignement, il comprend des études classiques qui conduisent au grade de bachelier, puis des études secondaires modernes, avec une école de commerce. Enfin, une Faculté de médecine et de pharmacie, une école d’archéologie et de philologie biblique couronnent cet édifice universitaire. On le voit : le Collège des Américains, dans sa structure pédagogique, ressemble, à peu de chose près, à celui des Jésuites.

Ces renseignemens épuisés, M. Bliss me propose gracieusement de visiter la maison. Cette fois, j’accepte avec plaisir, puisqu’un établissement de ce genre, c’est l’inconnu pour moi.

D’abord, mon guide, sous prétexte de me faire admirer le paysage, me conduit dans les dortoirs, qui occupent les étages supérieurs et d’où la vue est effectivement très belle. Il m’entr’ouvre, en passant, deux ou trois chambres de maîtres. Décor prévu : photographies, bibelots, tentures orientales. Cela rappelle tout à fait les splendeurs de nos « turnes » d’étudians. Il n’y manque même pas les haltères, qui traînent sur le plancher. Et, encore une fois, je songe à la cellule de mon Jésuite. Quelle différence ! Rien que ces menus détails m’avertiraient tout de suite que l’atmosphère de cet endroit-ci est tout autre, si je n’en avais été prévenu, dès l’entrée, par le spectacle significatif de ces vastes parcs et de tous ces buildings de style oxfordien… Mais voici un local, qui est peut-être le plus anglo-saxon de tout le collège, — l’école de commerce ! En y pénétrant, j’entends tinter