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photographies qui représentent les monumens et les ruines les plus célèbres de l’antiquité gréco-latine : l’Acropole d’Athènes, le Parthénon, les temples de Baalbek et de Palmyre. Enfin, nous voici dans la cellule de mon compagnon, une pauvre chambre blanchie à la chaux et au mobilier sommaire : un petit lit entouré de rideaux, une table de bois blanc, quelques livres sur des planches, un pot à eau sur un guéridon. Le crucifix pendu au mur répand comme une beauté austère sur ces humbles choses.

Nous allumons des cigarettes, et j’écoute le Père :

— On nous accuse, me dit-il, d’être arriérés, encroûtés dans nos vieilles méthodes et dans nos vieilles habitudes. La simple vue de notre maison et la simple lecture de nos programmes suffiraient, je pense, pour réfuter ces calomnies. On attaque surtout notre enseignement classique, auquel on reproche d’être une superfétation dans un pays comme celui-ci. Mais nous ne saurions trop répéter que cet enseignement n’est réservé qu’à une élite, à ceux de nos jeunes gens qui se destinent à la médecine, ou qui veulent suivre, plus tard, des cours de droit. Nous avons d’ailleurs une section moderne, où on enseigne les langues vivantes : l’arabe, le français, l’anglais et l’allemand. Nos élèves de la section classique y participent avec leurs camarades ! De plus, nous allons fonder une école de commerce, pour satisfaire à des exigences nouvelles… Et puis, quoi ? Ces élèves réussissent, — quelquefois brillamment, — dans leurs examens. Nous fournissons de fonctionnaires tous les emplois publics ; les professions libérales se recrutent, en majorité, parmi les nôtres. La faveur et l’opinion publiques sont pour nous. Notre collège est en pleine prospérité… Quelle meilleure réponse pouvons-nous faire à nos détracteurs ?

J’admis le bien fondé de l’argument, et, pour la dixième fois, je posai mon éternelle question :

— Avez-vous beaucoup d’élèves musulmans ?

— Peu ! me dit le Père : vous en savez la raison !

Et, comme le Frère-directeur de l’école du Caire, il crut devoir protester énergiquement contre l’accusation de prosélytisme, d’attentat à la liberté de conscience :

— D’abord, me dit-il, veuillez considérer que nous sommes ici dans un collège catholique, un établissement qui ne doit recevoir, en principe, que des chrétiens. Notre enseigne est assez