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de facultés de médecine, d’écoles de pharmacie et d’écoles spéciales pour les hautes études d’exégèse, d’archéologie et d’histoire. Et je ne parle point ici de l’Egypte, qui est soumise à un régime particulier.

Dans cette abondance, choisissons encore. Sans prétendre jeter le blâme du silence sur des établissemens de premier ordre, comme le lycée français de Salonique, les collèges des Lazaristes, celui d’Antourah et celui de Constantinople, mais uniquement parce qu’il faut bien se borner et qu’encore une fois je n’ai pu tout voir, — je restreindrai ma description à l’Université Saint-Joseph et au collège américain de Beyrouth, — enfin ù l’Ecole biblique dominicaine de Jérusalem.

Beyrouth est, par excellence, la ville universitaire de l’Orient. Plus qu’ailleurs, les écoles y foisonnent : grecques, maronites, israélites, allemandes, anglaises et françaises. Mais tout cède devant les deux collèges rivaux : Saint-Joseph et Les Américains.

Le premier a été construit par les Jésuites au cœur même du quartier chrétien : véritable forteresse catholique dressée en pays d’Islam, lieu de refuge pour la population chrétienne, en cas de massacre. Ce n’est pas seulement l’étendue, la hauteur et l’épaisseur des murs, l’appareil imposant de la bâtisse qui commandent le respect, mais c’est aussi le prestige dont la maison est environnée. Rien qu’à entendre les drogmans et les hommes du peuple prononcer le nom de Yessouïehs (Jésuites), on sent que l’Université Saint-Joseph est le siège et comme le chef-lieu d’une grande puissance : puissance à la fois matérielle, intellectuelle et morale.

Dès le seuil, on en éprouve l’impression très nette : on reconnaît l’endroit le plus vivant et le plus actif peut-être de toute la ville. Les mendians et les solliciteurs assiègent le portail ; les pauvres, les petites gens y affluent, en quête d’un secours ou d’un conseil. Et l’on y rencontre de belles dames syriennes, en toilettes élégantes, qui viennent voir leurs enfans ou requérir l’assistance d’un confesseur. Il y en a tout un groupe, très agité et très volubile de langues, dans le vaste parloir où l’on m’a introduit. En attendant qu’on veuille bien s’occuper de moi, j’examine le local, j’y salue l’habituel mobilier et la coutumière décoration des parloirs ecclésiastiques : les images de piété, les portraits du Saint-Père et des gloires de l’Ordre, les tableaux