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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Tant d’événemens se sont succédé depuis notre dernière chronique qu’il est impossible de parler de chacun d’eux avec les développemens qui seraient dus à son importance. Le prince de Bülow n’avait pas plutôt donné sa démission que M. Clemenceau donnait la sienne. Quelques jours après, M. Théotokis, premier ministre de Grèce, disparaissait à son tour du pouvoir pour des motifs qui se rattachent à la question crétoise et qui ne la simplifient pas. Les quatre puissances protectrices adressaient, sur cette même question, une note à la Porte, et la Porte y faisait une réponse : de part et d’autres on se réfugiait dans l’équivoque pour avoir l’air de s’entendre, et on laissait à l’avenir le soin de résoudre le problème. Si nous sortons de l’Europe, les Espagnols s’engageaient au Nord du Maroc dans une expédition où ils ont déjà rencontré et où ils rencontreront sans doute encore plus de difficultés qu’ils n’en avaient prévu : leur situation intérieure en est troublée. Enfin la révolution persane a abouti à la chute du Chah Mohammed Ali et à son remplacement par son fils Ahmed Mirza, un enfant de dix ans. Voilà beaucoup de choses en quinze jours. Ne pouvant pas parler de toutes en même temps, nous nous contentons de les énumérer, sauf à y revenir plus tard.

Rien n’a été plus imprévu que la chute de M. Clemenceau. On savait bien que son ministère n’était pas solide ; mais on s’était habitué à le voir durer, ce qui lui donnait une apparence de force, surtout en province et à l’étranger. Il avait doublé plusieurs caps dangereux, traversé plusieurs passages difficiles ; il venait d’obtenir un dernier vote de confiance à la suite d’une interpellation qui, à la vérité, n’avait jamais paru très menaçante, et dont il s’était bien tiré, à peu de frais ; les derniers nuages s’étaient donc dissipés à l’horizon, et M. Clemen-