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UNE AMBASSADE DU PAPE ALEXANDRE VI
AU
ROI CHARLES VIII

LE CARDINAL FRANÇOIS PICCOLOMINI


I. — AU VATICAN

Depuis le commencement de septembre 1494, les alarmes se succédaient sans interruption au Vatican, et la bonne humeur habituelle du Très Saint-Père Alexandre VI en était fort altérée.

Dans les premiers jours du mois, c’avait été la nouvelle fâcheuse de l’entrée en Italie du Roi Très-Chrétien, marchant à la conquête du royaume de Naples ; et, tout de suite après, le Pape apprenait la victoire du duc d’Orléans à Rapallo, où les Suisses, disait-on, « avaient tout tué. » Et depuis, chaque jour, presque, apportait quelque sujet d’inquiétude au Pontife, troublant ses plaisirs et sa joie de vivre.

Mais, plus que toutes les précédentes, la nouvelle que Rodrigue Borgia reçut le 18 septembre, dut le mettre dans une de ces terribles colères dont il était coutumier : le matin même, les gens de Fabrice Colonna s’étaient emparés du château d’Ostie, et avaient arboré sur les tours les étendards du Roi de France et de Julien de la Rovère[1], le cardinal rebelle de

  1. Julien de la Rovère, neveu de Sixte IV, cardinal de Saint-Pierre-aux-Liens, évêque d’Ostie, d’Albano, de Carpentras, archevêque d’Avignon, etc., etc., devint le pape Jules II.