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en un mot la valeur de sa personne, qu’on élèvera le plus sûrement celle de son œuvre. Quand on demandait à Grundtvig ce qu’il voulait faire, il répondait : « des serviteurs de Dieu et des maîtres de leur tâche ! » C’est une pensée du même ordre qu’exprimait par ailleurs un Danois sous cette forme typique[1] : « Nous apprenons à nos enfans nos vieilles Sagas à l’école ; nous faisons d’eux de bons Danois, et ils deviennent ensuite de bons agriculteurs. »


Faut-il à ces courtes pages une conclusion ? Nous aurions scrupule à insister trop lourdement sur la comparaison qui s’établit d’elle-même entre les résultats de l’école Grundtvig et ceux de l’école publique « neutre, » telle qu’elle fonctionne chez nous, avec ses tendances a-patriotiques et a-religieuses, pour ne pas dire davantage. Remarquons seulement que si les petits pays, qui souvent sont ceux dont l’organisme est le plus sain et le plus vigoureusement constitué, nous offrent de nos jours les enseignemens les plus précieux dans l’ordre du progrès individuel ou social, leurs exemples ou leurs modèles ne sont pas toujours aisément imitables ou adaptables dans les grands États, dans les sociétés plus larges, dont les mœurs et les lois sont trop différentes, et où l’initiative privée, même localisée par provinces, rencontre trop d’obstacles du fait même de l’étendue du territoire et de l’administration centralisée. C’est l’esprit d’une institution qui importe plus que ne le fait l’institution elle-même. Et c’est sous cette réserve que nous laissons à nos lecteurs de tirer la leçon que nous paraît comporter l’étude des Folkehœjskoler danoises, de leur organisation, de leur méthode, de leur influence, et de la place qu’elles ont occupée dans le relèvement matériel et moral du Danemark au cours du XIXe siècle.


L. PAUL-DUBOIS.

  1. Mot cité par le Dr Douglas Hyde dans Ideals in Ireland, Londres, 1891, p. 57.