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Une organisation aiguillée vers de légitimes réformes et l’application du système représentatif apaiseraient promptement l’agitation. »

Indignée, la presse londonienne accusa le député socialiste d’avoir tenu aux Indous des propos anti-anglais. Il est certain qu’à son arrivée à Calcutta, la veille des émeutes, M. Keir Hardie, dès son premier discours, mit en cause le gouvernement métropolitain. De retour à Londres, il parla encore, et l’écho de ses déclarations retentit jusqu’au Bengale, où la presse réformiste les répandit à profusion. L’impartialité de cette enquête est pourtant douteuse. M. Keir Hardie n’a pas sondé le fond des choses ; vu son bref séjour au Bengale, il n’a pu recueillir que des appréciations de surface. Aussi, l’Indian Secretary réfuta-t-il sans peine ses théories.



Quels sont les remèdes capables de ramener le calme ? L’Angleterre en poursuit la recherche avec méthode, sans interrompre ses études pour l’accroissement du bien-être général. Il serait injuste de ne point rappeler brièvement ses efforts patiens et coûteux.

À son arrivée dans le pays, la guerre, la peste, la famine, désolaient les campagnes et dépeuplaient les villes. Le gouvernement a mis fin à la guerre ; mais, malgré d’énergiques mesures, il demeure impuissant contre les deux autres fléaux. La peste fait, dans l’Ouest, des milliers de victimes ; la famine menace constamment la partie Nord-Ouest.

Depuis 1896, la peste a fait périr 5 millions d’Indous, malgré toutes les précautions : destruction des rats, hygiène des habitations mieux comprise, protection des moissons et des grains, afin d’affamer les rongeurs, isolement des malades, emploi de la sérothérapie. Au plus fort de l’épidémie, on colporte des bruits invraisemblables. Un jour, on accuse le gouvernement d’empoisonner les puits, les rivières, les sources. L’audacieux propagateur de ce bruit criait à la foule, en jetant dans les puits des substances inconnues, qu’il agissait par ordre des autorités.

La famine tient à plusieurs causes. D’abord, la sécheresse résultant de l’absence de mousson. Puis, les ressources ultra-modiques des paysans, provenant d’impôts trop lourds et de fermages trop élevés. S’il faut en croire M. Digby, le revenu jour-