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Une intense curiosité les pousse vers nous… Ils murmurent :

— Stamboul ?…

Alors, M. Sarrien essaie de leur faire comprendre que nous venons de la ville merveilleuse, que nous avons vu l’armée, la bataille, la victoire, le Sultan !

Mais les quelques vingt mots turcs que nous savons, à nous deux, et les gestes que nous faisons ne suffisent pas… J’imagine que notre prononciation déconcerte nos auditeurs. Il y en a un pourtant qui devine et qui dit :

Boum !… boum !… Stamboul… Soultan Mehmed

Et un autre :

Abdoul Hamid… bourda… Kouléli-Bourgas

Ah ! comme la conversation devient intéressante ! Si nous restions une heure ici, nous saurions des tas de choses !… « Abdoul-Hamid… bourda… Kouléli-Bourgas. » Rien de plus clair !… Abdul-Hamid a passé ici, ce matin, allant vers la prochaine station, Kouléli-Bourgas, où se détache le tronçon de ligne Dédéagatchs-Salonique…

Mais le sifflet retentit… Adieu, bergers !… Le train ne s’arrêtera plus qu’à Andrinople.


MARCELLE TINAYRE.