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NOTES D’UNE VOYAGEUSE EN TURQUIE
(AVRIL-MAI 1909)

II[1]


25 avril 1909.

Le canon macédonien n’a pas troublé le paisible sommeil de la ville. Par ce beau matin dominical, Péra délivrée prend son aspect des jours de fête. Dans la Grande Rue, où tombe tout droit le soleil d’onze heures, les familles reviennent de la messe, et s’arrêtent pour commenter les événemens. Il y a beaucoup de figures et de tournures qui me rappellent notre Marseille, beaucoup d’hommes aux yeux charbonnés, aux moustaches de Tartarins pacifiques, beaucoup de dames dont l’aimable embonpoint gonfle et tend les robes fourreaux un peu trop claires ; et aussi beaucoup de jolis visages jeunes, très arrondis, très pâles, avec des yeux noirs énormes, comme on en voit dans les portraits en mosaïque de l’époque alexandrine.

Aux angles des ruelles, les marchands de fleurs ont disposé leurs éventaires, et le safran vif des jonquilles, les blancs purs

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.