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désire, dit l’Empereur, autant que vous, que le Saint-Père fasse les réformes nécessaires, c’est beaucoup ; je ne crois pas cependant qu’il y ait autant à faire dans les États Romains qu’on veut bien le dire. Bornons-nous donc à stipuler que nous conseillerons les réformes indispensables. »

Je n’insistai pas autrement sur ce paragraphe ; le mot indispensables me paraissant peut-être plus avantageux que le mot nécessaires, que portait la rédaction.

Quant à la séparation administrative des Légations, je crois qu’elle remplirait mal le but d’émanciper et d’améliorer le sort des peuples de ces provinces, et que ces concessions seraient tout aussi difficiles à obtenir du Saint-Père qu’un abandon complet de sa souveraineté sur cette partie de son territoire. La question de la souveraineté temporelle du Pape ne pouvant pas se traiter avec l’Autriche dans la situation où nous étions, la demi-mesure proposée avait peut-être l’inconvénient de mécontenter peuples et souverain. Je ne crus donc pas devoir m’opposer formellement à la modification que l’empereur d’Autriche voulait apporter.

Septième paragraphe : Amnistie pleine et entière est accordée de part et d’autre aux personnes compromises à l’occasion des derniers événemens dans les territoires des nations belligérantes. » Il n’y eut aucune objection sur ce point ; l’Empereur dit qu’il était tout à fait d’accord pour donner une amnistie pleine et entière. J’ajoutai seulement quelques observations au sujet des Hongrois qui, de l’armée autrichienne, étaient passés au service du Piémont.

« Oui, cela s’arrangera facilement, » répliqua l’Empereur.

Nous causâmes des moyens pratiques pour la réunion des plénipotentiaires ; on convint naturellement d’une ville neutre. J’écartai péremptoirement toute ville allemande et proposai une ville belge ou suisse.

« Un endroit où il n’y a pas de diplomates, dit l’Empereur, vaudra mieux. »

Nous parlâmes de Spa ou Genève. Enfin l’Empereur désigna Zurich, que j’acceptai sans observation.

J’abordai le nom que prendrait le nouvel État italien et sous lequel, bien entendu, l’empereur d’Autriche devait le reconnaître, disant : « Votre Majesté n’aura sans doute aucune objection à reconnaître mon beau-père comme roi de la Haute-Italie