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Je lui demandai la permission d’examiner séparément les questions des trois duchés.

Quant à Parme, j’exposai que les populations s’étaient montrées tout à fait hostiles à la duchesse et favorables au Piémont ; que la duchesse n’était point une princesse autrichienne ; que, même d’après les traités, le roi de Sardaigne avait un droit de réversibilité sur une partie de ces États ; que la prise de possession était un fait accompli ; que la duchesse de Parme s’était mal conduite pour tout le monde, aussi bien vis-à-vis de la France et du Piémont que de l’Autriche ; qu’avant la guerre elle n’avait jamais protesté contre les travaux faits sur son territoire à Plaisance, qu’elle n’avait pas protesté contre la violation de sa neutralité par les troupes autrichiennes au commencement de la campagne et qu’après la retraite des Autrichiens et la bataille de Magenta, elle avait, reniant l’Autriche, fait des démarches à Turin ; que ces démarches étant restées sans réponse, elle avait alors voulu protester, au nom de la neutralité, contre l’entrée de nos troupes ; qu’ainsi sa conduite avait été déloyale vis-à-vis de tout le monde et qu’enfin, devant la réprobation unanime de son peuple, elle avait été obligée de partir ; que nous avions donc à nous plaindre plus d’elle encore que des ducs de Modène et de Toscane qui avaient été franchement nos ennemis ; qu’elle n’était en possession de ses Etats nullement par droit héréditaire, mais uniquement par un de ces arrangemens fâcheux du Congrès de Vienne qui avait stipulé que cette branche de la maison de Bourbon d’Espagne passerait de Lucques à Parme après la souveraineté viagère de l’impératrice Marie-Louise ; que cette princesse, spéculant sur sa position de femme et de Bourbon, voulait agir sur les sentimens de générosité de l’empereur Napoléon, mais que mon cousin ne pouvait faire céder les intérêts de la France et de l’Italie devant de semblables considérations. J’ajoutai que Plaisance était un point trop important pour que le roi de Sardaigne ne l’eût pas ; enfin, je fis valoir que les sacrifices que l’empereur Napoléon faisait à la paix étaient déjà assez grands pour qu’il fût tout à fait impossible de céder sur ce point ; que, d’après ce qui avait été indiqué à Villafranca, le roi de Sardaigne avait la promesse formelle que le duché de Parme serait réuni à ses Etats ; que si l’empereur d’Autriche avait invoqué contre moi, dans l’affaire des forteresses, les engagemens verbaux pris à Villafranca, je me servais du même argument vis-à-vis de lui.