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Posez auprès de moi cette aiguière au col fourbe.
Et dont le bec mord l’eau,
Et tirez ce beau sabre étincelant et courbe
Du cuir de son fourreau ;

Donnez-moi ce flacon qui garde encore enclose
En un vivant sommeil
L’odeur qu’eurent jadis le jasmin et la rose
A mourir au soleil…

Puis laissez-moi. Je vais abaisser ma paupière
Et fermer maintenant
Mes yeux pleins de l’ardente et terrible lumière
Des midis d’Orient !


LA MÉDAILLE


Leonellus Marchio Estensis. Opus Pisani Pictoris.
 
Qu’il soit mort par le fer, le poison ou la peste,
Podestà magnanime ou tyran redouté,
Plus d’un n’est devenu pour la postérité
Qu’un nom que nul ne loue et que nul ne déteste

Mais toi, ce que tu fus ta médaille l’atteste,
Et ton brusque profil en sa jeune fierté
Par l’airain a conquis presque l’éternité.
L’Art t’immortalisa, Lionel, marquis d’Este.

Le grand Pisanello, père de ta mémoire,
N’en assura-t-il pas la durée et la gloire
Dans ce disque de bronze où tu semblés vivant,

Et qui, sur son revers, en des poses pareilles,
Modelés par un pouce héroïque et savant,
Montre deux hommes nus qui portent des corbeilles ?