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souhaitée et assura la paix ; le gouvernement bulgare licencia ses réserves, et des négociations s’ouvrirent pour la fixation des indemnités à payer tant pour la capitalisation du tribut annuel de la Roumélie orientale que pour le rachat de la partie du réseau des Orientaux située en territoire bulgare.

Les négociations relatives à la conférence se traînaient dans les redites et les impossibilités (décembre 1908) quand, le 3 janvier, le discours de M. Milovanovitch et l’ordre du jour voté par la Skoupchtina vinrent ranimer l’intérêt languissant du drame et précipiter les événemens. A partir de ce moment, il faut suivre l’ordre chronologique des faits, car ils se succèdent et s’enchaînent comme attaques et ripostes dans un duel serré. Le ministre des Affaires étrangères du roi Pierre, loin d’abdiquer aucune des prétentions émises dans sa circulaire du 7 octobre, les renouvelle en les accentuant. Il expose « le programme national serbe » et déclare que ce programme « exige l’émancipation de la Bosnie au moins dans une mesure suffisante pour qu’elle puisse nouer, comme elle le jugera à propos, suivant ses sympathies et, ses intérêts, des liens intimes politiques et économiques avec la Serbie et le Monténégro. Sans libres relations politiques et économiques avec la Bosnie-Herzégovine, nous ne pouvons avoir une garantie durable pour notre avenir. » Puis il demande « que la Bosnie-Herzégovine devienne un Etat souverain ou mi-souverain sous le contrôle de l’Europe : » ainsi sera élevée entre la Turquie et les grandes monarchies militaires une barrière continue de petits Etats indépendans ; la question d’Orient sera, par-là même, résolue ou tout au moins ne provoquera plus de difficultés européennes. Au contraire, « en annexant la Bosnie-Herzégovine, en rejetant la Serbie loin de la mer Adriatique, et en empêchant notre union avec le Monténégro, l’Autriche impose à la Serbie et à la nation serbe, dans un avenir proche ou éloigné, la lutte à la vie ou à la mort. » A la suite de ce discours, la Skoupchtina votait à l’unanimité un ordre du jour ainsi conçu :


Le peuple serbe est profondément touché des sympathies que les représentans du peuple frère et de l’État russe, ainsi que ceux de l’Angleterre, de l’Italie et de la France lui ont manifestées dans ces momens difficiles pour lui ; la Skoupchtina nationale leur exprime, au nom du peuple serbe, sa plus cordiale reconnaissance. La Skoupchtina nationale est convaincue que ces sympathies sont dues tant à la justice de la cause serbe qu’à la