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appliquée, les batailles électorales se feront dans des conditions toutes nouvelles et le personnel politique sera changé. Ce sera toute une révolution. Ceux qui paraissent les plus déterminés à la faire ne travaillent peut-être que pour la galerie.

Le projet comporte deux titres, dont l’un vise les questions relatives au recrutement, à l’avancement et à la discipline, l’autre la question des associations. Le premier, et même la seule première partie du premier titre s’applique au mal que nous venons de signaler une fois de plus. Ce n’est pas par excès de sévérité dans la discipline que les ministres pèchent d’ordinaire, et ce ne sont pas ces excès que les députés leur conseillent ou leur imposent. Les députés demandent des places pour leurs amis, et, après avoir obtenu ces places, ils demandent encore de l’avancement pour ceux qui les occupent. De là un grand trouble dans le corps politique, et même dans le corps social. Comment le projet de loi y pourvoit-il ? « Il est trop tôt pour que nous puissions le dire, car le projet vient à peine d’être déposé et une lecture rapide ne suffit pas pour le juger. Il impose des règles nouvelles ; quelquefois il se contente de rééditer des règles anciennes qui sont médiocrement observées. La question est de savoir si ces règles, nouvelles ou anciennes, seront mieux respectées à l’avenir. Il y aura encore plus d’examens et de concours qu’autrefois ; mais il y aura aussi un avancement au choix, et il est bon qu’il y en ait un : le tout est de savoir quelle sera la qualité des choix qui seront faits. On créera un tableau d’avancement comme dans l’armée : cette garantie vaudra ce que vaudront ceux qui la mettront en œuvre. Ils formeront une commission à laquelle on soumettra des dossiers qui contiendront seulement des pièces administratives : cela veut dire qu’on en exclura les lettres de recommandation. L’intention est excellente, et nous souhaitons que la mesure soit efficace. Par malheur, le malin esprit se glisse partout et, même à supposer que les lettres de recommandation ne seront pas conservées dans un dossier particulier plus ou moins confidentiel et secret, mais toujours influent, il est à craindre que leur exclusion n’ait seulement pour conséquence d’obliger les parlementaires à faire un plus grand nombre de visites directes aux membres de la Commission. La vérité est qu’il faudrait non pas seulement retirer les lettres de recommandation des dossiers, mais les détruire, et surtout ne pas y répondre. Il faudrait aussi que les parlementaires oubliassent le chemin des ministères et des administrations générales. Mais n’est-ce pas demander l’impossible ?

Nous parlerons, quand le moment sera venu, des dispositions du