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gouvernementale et de sécurité pour la propriété nécessaire pour assurer leur essor économique. » Sans doute, M. Root a raison lorsqu’il parle des transformations qui se sont effectuées aux États-Unis dans les dix dernières années ; mais, malgré leur prospérité, ils sont loin encore de pouvoir lutter pour l’accumulation des capitaux disponibles avec la vieille Europe, et trop de sources de richesses restent à exploiter chez eux pour qu’ils soient vraiment sollicités par les placemens à l’étranger. Sans doute, aussi, leur industrie est devenue exportatrice, mais elle ne l’est encore d’une façon régulière que pour un petit nombre de ses branches et il suffit d’un faible essor nouveau du marché national pour la détourner des marchés extérieurs.

Gênés dans leur action économique par défaut de moyens, les Etats-Unis ont, d’autre part, à réagir contre les suspicions que fait naître dans l’esprit des populations sud-américaines le rôle que leur situation particulière leur impose vis-à-vis des Républiques turbulentes riveraines du golfe du Mexique et de la mer des Caraïbes. Ces pays ne sont pas encore sortis de l’ère des luttes intestines. Récemment, la guerre éclatait de nouveau dans l’Amérique centrale : les Etats-Unis se trouvaient dans l’obligation d’intervenir. Fort habilement, et pour calmer les appréhensions des peuplée de l’Amérique du Sud, ils ont agi d’accord avec le Mexique, et c’est à la suite de leur action commune et sous leurs auspices que s’est réunie à Washington, dans les derniers jours de 1907, une conférence de la paix centro-américaine. La conférence a élaboré des accords destinés à amener une paix durable dans ces régions si fréquemment troublées, et à jeter les bases d’une fédération prochaine de ces Etats, plusieurs fois tentée déjà, et qui n’a pu encore être réalisée. A Cuba, les troupes américaines avaient dû, presque au lendemain du congrès de Rio-de-Janeiro, occuper l’île pour la seconde fois. Les Américains se sont efforcés de rétablir l’ordre au plus vite, et, aussitôt un gouvernement national reconstitué, ils ont laissé de nouveau la République cubaine à elle-même. Depuis la sécession de l’Etat de Panama, les rapports demeuraient tendus entre la jeune République, les Etats-Unis et la Colombie. Celle-ci continuait à se plaindre, auprès de ses sœurs du Sud, de la spoliation dont elle disait avoir été victime. C’était dangereux pour la popularité des Etats-Unis : ils ont mis fin, au début de cette année, à cette situation gênante, en amenant la