Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 51.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille fois répétées depuis sur Racine jeune et vieux : le roman de Théagène et Chariclée confisqué deux fois à Racine enfant par Lancelot ; les comédiens revenant de Versailles où ils ont joué les Plaideurs et venant heurter à la porte de Racine au milieu de la nuit, et ce qui s’ensuit ; Racine lisant et traduisant à haute voix du Sophocle devant ses amis et tous « consternés d’admiration autour de lui, » etc. On peut regretter qu’il n’y ait pas un mot sur les amours de Racine, sans qu’on doive en être surpris.

La préface de l’édition de 1718 de l’Académie française est claire et précise et indique nettement les différences de disposition qui existent entre cette seconde édition et la première ; mais ne veut avoir et n’a aucune valeur littéraire. Je ne trouve à y relever que cette jolie citation de Quintilien : « Il y a des choses si frivoles dans certaines parties de la grammaire qu’un grammairien sage doit se faire un mérite de les ignorer. »

Le dialogue que j’ai indiqué plus haut est intitulé ainsi : « Dialogue entre MM. Daguesseau, l’abbé Renaudot, Racine, Despréaux et de V. (de Valincour). » Il a été publié pour la première fois, je crois, par Adry dans son édition de la Princesse de Clèves (1807). Il est donné comme ayant eu lieu dans une maison de campagne sur la route de Versailles, c’est-à-dire à Saint-Cloud, chez Valincour. Il est assez insignifiant. Il ne contient guère que l’anecdote des Mirmidons : de jeunes seigneurs, à Versailles, se moquant, devant Boileau, de ce qu’Homère a parlé des Mirmidons, un vieux gentilhomme très grave leur reprochant de parler ainsi devant un homme qui s’y connaît comme M. Despréaux, prenant ensuite Boileau à part et lui disant : « Mais est-il bien vrai qu’Homère ait parlé des Mirmidons ? — Sans doute. — Eh bien, sachons le confesser, il a eu tort. Qu’un poète burlesque, un Scarron, parle des Mirmidons, passe encore ; mais Homère ! Je n’ai pas voulu donner tort à ces jeunes gens devant vous ; mais ils étaient dans le vrai. — Mais c’étaient les soldats d’Achille ! — Il ne laisse pas d’avoir eu tort. »

En cherchant ici et là ce qui nous reste de la correspondance de Valincour, je trouve, comme opinion assez curieuse, cette boutade sur Malherbe, qui nous montre que cette école, ou si vous voulez cette compagnie littéraire de 1660, n’était pas unanime sur la question de Malherbe. Il y avait des dissonances. Valincour, donc, écrivait au président Bouhier : « Pour Malherbe, je l’ai toujours regardé par rapport à la poésie comme un