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Valincour montrant à l’égard de la métaphysique une défiance et en faveur de la religion une partialité qui sont très caractéristiques. Il était, dans les difficultés mondaines, tout naturellement désigné comme celui qui devait les résoudre et dans les querelles littéraires comme conciliateur. Le maréchal de Villars ayant demandé à l’Académie la faveur d’accepter son portrait, cela donna lieu à une certaine hésitation ; car l’Académie n’avait dans sa salle que les portraits de ses quatre « protecteurs » (Richelieu, Séguier, Louis XIV et Louis XV) et celui de la reine Christine ; et y placer celui de Villars donnait à ce maréchal un certain air de supériorité sur ses confrères, très contraire à l’égalité académique. Très adroitement, Valincour proposa d’accepter qu’il fît hommage en même temps à l’Académie des portraits de Boileau et de Racine. On acquiesça. Du même coup, Valincour avait aplani une difficulté assez gênante et introduit dans la salle académique les « images » qui lui étaient sacrées et chères.

De même, en 1716, ce fut lui qui fut choisi pour réconcilier, officiellement du moins, M. de La Motte et Mme Dacier. Depuis quelque temps Mme de Lambert poursuivait ce beau dessein. Elle s’était fait écrire par le Père Buffier deux lettres conciliatrices, réunies sous le titre de Homère en arbitrage, y avait répondu naturellement dans le même sens (quoique avec un certain persiflage) et enfin le jour des Rameaux, 5 avril 1716, Valincour reçut à sa table M. de La Motte et Mme Dacier et quelques autres, dont Mlle de Launay (Mme de Staal) : « Leur combat, qui faisait depuis longtemps l’amusement du public, cessa par l’entremise de M. de Valincour, leur ami commun, dit Mme de Staal en ses Mémoires. Après avoir négocié la paix entre eux, il en rendit l’acte solennel dans cette assemblée où les chefs des deux partis furent convoqués. J’y représentai la neutralité. On bût à la santé d’Homère et tout se passa bien. »

Il écrivait très peu. On ne connaît de lui que quelques traductions d’odes d’Horace, des observations sur l’Œdipe de Sophocle, qu’à mon grand regret je n’ai pas pu retrouver, un dialogue entre Racine et Boileau et quelques autres, sa lettre à l’abbé d’Olivet sur Racine, que l’abbé a insérée dans son Histoire de l’Académie française, et sa préface de l’édition de 1718 du Dictionnaire de l’Académie française.

Sa lettre à l’abbé d’Olivet sur Racine est purement anecdotique. C’est là qu’on trouve pour la première fois les historiettes