Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/964

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont déclaré, et peut-être n’est-il pas exagéré de voir dans ces affirmations hardies l’annonce de temps nouveaux.

Beaucoup ont cru l’y voir en effet, et nous ne saurions dire s’ils ont raison ou s’ils se trompent, car cela dépendra de conditions qu’il est impossible de prévoir. La Révolution a donné à la société actuelle les principes sur lesquels elle vit depuis un siècle ; mais, pour la première fois, la société paraît douter de la valeur de ces principes ; elle se trouble ; elle hésite à se défendre ; elle a un gouvernement qui ne la défend pas, gêné qu’il est par le passé de quelques-uns de ses membres, et par le sentiment qu’il a d’une popularité incertaine et chancelante. Ce n’est pas seulement la société qui a vieilli et qui ressent son « premier accès de goutte ; » le gouvernement est atteint du même mal, et par-là nous n’entendons pas la République, mais le système qui y a prévalu depuis une dizaine d’années et les hommes qui représentent ce système, soit dans le Parlement, soit au ministère. Ces hommes viennent de donner l’exemple d’une grande défaillance, à laquelle on leur répond par une grande insolence. Si le gouvernement ne se réveille pas de sa torpeur et s’il laisse les forces syndicalistes s’organiser devant lui et contre lui, de deux choses l’une : ou nous aurons un jour une grande bataille, et le gouvernement la gagnera, quoiqu’il n’ait rien l’ait pour cela, ou la société actuelle périra comme a péri l’ancien régime. Et aujourd’hui, comme alors, l’histoire rejettera la responsabilité de la catastrophe sur un gouvernement qui, par défaut d’intelligence et de courage, n’aura su, quand il en était temps encore, ni se réformer lui-même, ni rien prévoir, ni rien empêcher.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.