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qu’il y a consacrées abondent en réflexions d’un extrême intérêt. Mais, avant tout, l’écrivain anglais s’attache à nous faire entendre qu’il ne s’agit point là de « miracles, » pouvant servir de preuves à la sainteté de Jeanne, ni influer en aucune façon sur la conception générale de son œuvre ou de son caractère. Des phénomènes analogues à ceux que l’on attribue à la Pucelle ont été signalés dans la vie de maintes personnes, qui, d’ailleurs, lui ressemblaient aussi peu que possible : tandis que le prodige de la beauté de son âme, et celui de l’action politique et militaire qu’elle a exercée, n’ont nul besoin, pour nous émerveiller, de s’accompagner du don de « télépathie » ou de « prémonition. » Mais, cela posé, il est intéressant de savoir si vraiment la jeune fille a possédé ces « dons, » que la science moderne tendrait à regarder comme possibles, chez certaines natures anormales, et résultant de lois biologiques encore peu connues.

On sait que le libre penseur Quicherat, après avoir patiemment compulsé tous les textes relatifs à la vie de Jeanne d’Arc, s’est déclaré contraint à reconnaître, dans cette vie, plusieurs faits en apparence inexplicables, mais d’une authenticité à peu près certaine. Ces faits, suivant lui, « reposent sur des preuves documentaires si solides que nous ne saurions les rejeter sans rejeter le fondement même de l’histoire… Que la science puisse ou non y trouver son compte, les visions de la Pucelle doivent être admises, ainsi que les étranges perceptions spirituelles qui en ont été la conséquence. » Et de ces faits mystérieux Quicherat citait notamment trois exemples : la connaissance accordée à Jeanne du « secret du Roi, » son pressentiment d’une blessure, mais non mortelle, au siège d’Orléans, et sa découverte de l’épée cachée sous l’autel de Fierbois. A quoi il convient d’ajouter que ces deux derniers faits sont loin d’être les plus caractéristiques, parmi les « miracles » enregistrés par les chroniqueurs : on en trouvera maints autres signalés, au cours du récit de M. Lang, qui ne sont ni moins surprenans, ni attestés avec moins de force. A en croire les documens contemporains, Jeanne aurait deviné, pendant son séjour à Vaucouleurs, une nouvelle défaite infligée aux armées royales ; elle aurait prédit, dès le début de sa carrière, les circonstances prochaines de sa capture ; et, même après celle-ci, son pouvoir prophétique lui aurait fait annoncer les événemens qui allaient suivre sa mort. Tout cela,