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ne saurait jamais exporter que ce qu’il produit ; et du jour où la France ne produira ni religieux, ni religieuses, ni frères, ni sœurs, comment en pourra-t-elle exporter au loin ? Pour que ces fils et ces filles de France pussent continuer à répandre, sur l’Orient et sur le monde, leur dévouement gratuit, il faudrait qu’il ne fût plus interdit aux catholiques français d’en garder la semence et d’en cultiver la graine.

Par leur nombre comme par leur variété, les écoles congréganistes restent, malgré tout, encore aujourd’hui, de beaucoup les plus importantes des écoles françaises en Orient. Elles ne sont pas les seules ; il en est d’autres, à côté d’elles, auxquelles doivent rendre également hommage tous les Français que n’aveuglent ni les préjugés de partis, ni l’esprit de secte. Ce sont d’abord des écoles, elles aussi confessionnelles, en ce sens qu’elles ont été fondées par la solidarité religieuse : les écoles de l’Alliance israélite universelle, œuvre d’origine française, née chez nous, il y a un demi-siècle, et dont le siège est toujours demeuré à Paris. Ces écoles israélites, destinées au relèvement des Juifs d’Orient, ont singulièrement grandi, en nombre et en importance, depuis mes premiers voyages dans le Levant. Du Balkan au golfe Persique, du Maroc à la Syrie, elles dépassent largement la centaine. Des milliers d’enfans des deux sexes les fréquentent. Ecoles de garçons, écoles de filles, j’en ai visité plus d’une en Europe, en Asie, en Afrique. Partout, j’ai été frappé des hautes qualités de leur enseignement, du savoir des maîtres, de l’intelligence et de l’application des élèves. Telles de ces écoles que j’ai encore visitées au printemps dernier, celles de Salonique, celle de Galata à Constantinople, celles de Sophia en Bulgarie sont des établissemens qu’on pourrait donner en modèles.

Or, toutes ces écoles de l’Alliance israélite sont des écoles françaises, où le français est la langue de l’enseignement. C’est même une des raisons pour lesquelles l’Alliance, en son œuvre de relèvement des Juifs d’Orient, ne semble pas toujours rencontrer, à l’étranger, le concours sur lequel on la croirait en droit de compter. Les Juifs d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie, ceux même des États-Unis lui reprochent de donner, en ses écoles, une place prédominante à notre langue, et par-là de favoriser notre influence. A la tête de ces écoles orientales de l’Alliance sont des Français ou des Françaises ; si la plupart des maîtres sont des