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plus fine essence de son génie et ce qu’il y avait de plus humain dans sa tradition. Nous le connaissions jusqu’à ces derniers temps par de nombreux témoignages, par des citations patiemment rassemblées de côté et d’autre et groupées sous le titre de Fragmens, enfin par les imitations des poètes latins, par celles de Térence surtout, puisque quatre de ses comédies, l’Andrienne, l’Eunuque, les Deux Frères et le Père qui se punit lui-même sont en grande partie des traductions de pièces originales de Ménandre. Depuis dix ans environ, la publication de plusieurs papyrus, successivement exhumés du sol de l’Egypte, nous a rendu des parties plus ou moins importantes d’autres pièces de lui qui étaient perdues. La plus considérable de ces trouvailles est celle qui a été faite en 1906, près de l’ancienne Aphroditopolis, par M. Gustave Lefebvre. Le papyrus découvert et publié par lui contenait, dans ses feuilles lacérées, les restes de quatre pièces, dont trois ont pu être reconstruites conjecturalement dans leurs grandes lignes, malgré des lacunes considérables[1]. Au total, nous possédons aujourd’hui, en dehors des simples fragmens, des parties plus ou moins étendues de six comédies de Ménandre. Ce sont : le Laboureur, le Flatteur, le Héros, l’Arbitrage, la Samienne, la Femme aux cheveux coupés. Ces textes ont été déjà critiqués, commentés, expliqués ; ils ont donné lieu à beaucoup de conjectures et à un travail philologique, des plus actifs, qui se continuera sans doute longtemps encore[2]. Intéressans en eux-mêmes, ils le sont au moins autant en ce qu’ils nous permettent de compléter et de préciser l’idée que nous avions déjà de Ménandre. C’est ce point de vue qui doit être ici le nôtre. Nous ne nous proposons ni de les analyser en détail, ni d’en tirer occasion pour refaire une étude complète du poète,

  1. Fragmens d’un manuscrit de Ménandre, découverts et publiés par M. Gustave Lefebvre, inspecteur en chef du service des Antiquités de l’Egypte ; Le Caire, 1907.
  2. Ce n’est pas ici le lieu de donner une bibliographie, même sommaire, de ce travail, auquel ont pris part les hellénistes les plus connus de tous les pays d’Europe et ceux des États-Unis. Contentons-nous de signaler l’édition annotée des quatre pièces du manuscrit du Caire, due à un savant hollandais, M. J. van Leeuwen, La Haye, 1908 ; l’édition purement critique (et non mise dans le commerce) des six pièces ci-dessus énumérées par M. Carl Robert, l’éminent professeur de l’Université de Halle, Halle, 1908 ; et enfin, qu’il me soit permis de renvoyer le lecteur français à l’édition de l’Arbitrage, accompagnée d’une traduction française, que l’Association pour l’Encouragement des Études grecques a fait publier, d’abord dans la Revue des Études grecques (t. XXI, juillet-octobre 1908), et, ensuite, en une brochure de 98 pages à la librairie E. Leroux, Paris, 1908.