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a un chef qui est le président du Conseil, dont la surveillance et la responsabilité s’étendent à tous les grands services de l’État. Sans plus parler des Postes, le pays aurait gagné beaucoup si, par exemple, l’administration de la Marine avait été l’objet de sa part d’une sollicitude plus attentive. Mais on laisse tout faire, on laisse tout aller à la débandade jusqu’au jour où éclate un gros scandale, une grève, une révolte. La Chambre, alors, peut renverser un sous-secrétaire d’État, un ministre, ou même tout un ministère ; mais le pays a souffert dans ses œuvres vives, et le régime est atteint.


Cette fois, le maintien de la paix paraît assuré dans les Balkans, et par conséquent en Europe. On a marché vers ce résultat par des voies compliquées, imprévues, qui n’ont pas été toujours celles que nous aurions désirées ; mais puisque le but est atteint, il ne faut pas se montrer trop difficile sur les moyens qui y ont conduit. Nous avons traversé des péripéties confuses et pleines d’inquiétudes. A de certains jours, le danger de guerre a été à son maximum d’intensité, et on a pu croire qu’il était sur le point de se réaliser. Tout semblait définitivement perdu, et cependant, le lendemain, une nouvelle espérance venait à renaître, bien faible encore sans doute, mais à laquelle on cherchait d’autant plus ardemment à se rattacher. La longueur même de ces incertitudes et le retour des mêmes alternatives donnaient, quand on y songeait, plus de corps à cette espérance : on comprenait mal que la guerre n’eût pas déjà éclaté, s’il y avait eu un parti pris de la faire. Sans doute l’hiver n’était pas terminé et les montagnes restaient sous la neige ; mais cela n’aurait pas empêché l’Autriche, si elle l’avait voulu, de porter à la Serbie quelques coups décisifs : puisqu’elle ne l’avait pas fait, puisqu’elle ne le faisait pas, il ne fallait pas désespérer encore.

C’est de ce sentiment que se sont inspirées l’Angleterre, la Russie et la France, — on a désigné leur accord sous le nom de triple entente, — pour interposer leurs bons offices entre l’Autriche et la Serbie. Cette dernière, on s’en souvient, avait, sur un conseil venu de Saint-Pétersbourg, renoncé à toute revendication territoriale et déclaré qu’elle conformerait sa politique à celle des puissances. Elle remettait sa cause entre leurs mains. Il semble que l’Autriche aurait pu, et même qu’elle aurait dû se contenter de cette déclaration, puisqu’il était d’ailleurs certain que toutes les puissances, quelles qu’eussent été leurs impressions premières après l’annexion de l’Herzégovine et de la Bosnie, ne s’opposaient pas au fait accompli. Elles n’y auraient éprouvé de l’embarras que si la Porte avait maintenu sa protestation fondée sur le