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obscurs et les plus confus de l’histoire de notre art. Nous ne savons rien, par exemple, de ce que pouvait être alors l’appropriation des sonorités soit au sentiment, soit aux paroles. « Alors la ligne de démarcation entre le domaine de l’exécution vocale et celui de la musique instrumentale est très mal définie. Les instrumens doublaient-ils les voix ? L’hypothèse est vraisemblable, sans être pourtant vérifiée. S’employaient-ils indifféremment les uns pour les autres ? On peut le croire. Connaissons-nous la tessiture ou le timbre de ces instrumens ? Pas même. Bref, ni la notion d’instrumentation, ni celle d’orchestration n’auraient pu, au moyen âge, se constituer en corps de doctrine. »

Quelque chose pourtant commence d’apparaître, au XIIIe siècle, dans l’ordre, encore très élémentaire, du mélange des instrumens avec les voix. Il est permis d’assurer que la forme du motet comportait ce mélange, la proportion des élémens divers y étant d’ailleurs variable. En général, dans le motet de cette époque, la partie de ténor représente l’élément instrumental. Quand une seule voix s’y ajoute, ce duo constitue la forme primaire du genre. La forme à deux voix et un instrument se rencontre également : « C’est le triplum, dont les deux parties vocales ou bien chantent les mêmes paroles, ou bien chantent des textes différens. » Le type à trois voix et un instrument existe aussi. D’autres encore mêlent deux voix avec un instrument, ou trois instrumens avec une voix. Il arrive même qu’un motet purement vocal se développe entre un prélude et un épilogue instrumental, étroitement unis l’un et l’autre, par le style, à la polyphonie de voix que pour ainsi dire ils encadrent.

Ainsi la musique, au XIIIe siècle, connut, composa des concerts simples encore, mais déjà variés.

Et ce siècle est le même que jadis, au collège, on nous donnait pour un temps de grossièreté, d’ignorance et de barbarie. Que s’il nous arrivait alors d’alléguer, — timidement, — certains noms, Dante, ou le pauvre d’Assise, ou le saint roi Louis, on ne manquait pas de nous répondre que c’étaient là des personnages d’exception. Sans doute, mais l’espèce en est-elle maintenant si commune ! Pauvre cher moyen âge, victime d’une trop longue injure, il nous plait que la musique elle aussi concoure à sa gloire, aujourd’hui mieux connue, et que, dans une certaine mesure, dans un certain genre, cette réparation, ou cette revanche, lui vienne de la musique de France.

De France, et de l’Ile-de-France, de Paris, et de Notre-Dame de Paris, du « chef » ou du cœur de notre patrie et de notre cité. C’est un beau monument national et civique, que vient d’élever là notre