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et toujours de même sexe. Ils peuvent travailler, s’ils le veulent, à des métiers de leur choix. Depuis 1882, le village est administré et inspecté par une commission spéciale et permanente. Nuit et jour, on y voit des gardes qui surveillent les malades dans les rues, qui les visitent à domicile et qui s’assurent de leur bien-être. Le service médical est assuré par quatre médecins. En cas de crise aiguë, les malades sont immédiatement transportés dans une infirmerie spécialement aménagée pour le traitement des affections intercurrentes. Remarquons qu’on envoie à Gheel principalement les aliénés chroniques et intellectuellement déjà affaiblis. Le système de liberté quasi absolue qu’on y applique ne peut guère convenir aux fous agités, violens, à tendances homicides ou suicides.

Des fondations analogues existent à Lierneux en Belgique et à Dun-sur-Auron, en France. Elles rendent de grands services aux aliénés intellectuellement affaiblis, aux mélancoliques, aux convalescens des psychoses aiguës, en les laissant profiter d’une liberté aussi large que possible. Il importe seulement, comme le dit le docteur Auguste Marie qui a largement contribué à l’organisation de la colonie de Dun, de faire avec la plus grande circonspection le choix des malades pour lesquels un pareil traitement est indiqué.

Toujours en vue des meilleures conditions du traitement des aliénés, le nouveau projet exige une organisation d’après laquelle les asiles publics doivent comprendre, à défaut et dans l’attente d’établissemens spéciaux, des quartiers annexes ou des divisions pour les épileptiques, les alcooliques, les idiots et les crétins.

Dans un délai de dix ans, les départemens devront ouvrir des établissemens spéciaux ou des sections spéciales destinées au traitement et à l’éducation des enfans idiots, imbéciles, arriérés, crétins ou épileptiques et au traitement des buveurs (art. 2).

La statistique de 1907 du ministère de l’Intérieur, sur les rapports de l’intoxication alcoolique avec l’aliénation mentale en France, démontre que le nombre de fous alcooliques va en augmentant. L’enquête ministérielle établit cette comparaison instructive pour trente-six départemens français : en 1897, le nombre d’aliénés alcooliques internés a été de 2 540 ; il est de 3 988, en 1907 ; soit, en dix ans, une augmentation de 57 pour 100 ; sur 71 547 fous internés dans les asiles publics et privés de