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furent imitées plus tard à Constantinople. Palmyre et Baalbek, fondées par des dynasties arabes hellénisées, eurent aussi un rôle fécond ; malheureusement l’exploration de leurs ruines est incomplète. Les peintures de l’hypogée découvert à Palmyre par Sobernheim, en 1899, sont datées de l’an 259 de l’ère chrétienne ; elles montrent un exemple curieux de scènes mythologiques destinées à orner la demeure funéraire d’une famille juive ; les femmes ailées qui supportent les portraits placés dans des médaillons ressemblent déjà à des anges. Enfin, dès le IVe siècle, on trouve en Syrie des églises analogues à celles de l’Asie Mineure. Le martyrion construit en 331 à Antioche par Constantin avait la forme d’un octogone entouré de tribunes et couvert d’une coupole ; c’est déjà le plan de Saint-Vital de Ravenne et de la basilique d’Aix-la-Chapelle. Kasr-ibn-Wardan, datée de 564, offre l’exemple d’une basilique à coupoles. Les façades cantonnées de tours, les arcs en fer à cheval se rencontrent fréquemment. La sculpture a pris ; le même aspect de méplat qu’en Asie Mineure. La, Syrie a un type caractéristique de portail formé d’un linteau orné de sculptures qui supportent deux jambages légèrement écartés. Les piliers transportés à Saint-Marc de Venise et provenant de Saint-Jean-d’Acre font songer par leurs enroulemens à la façade de Mschatta. L’art chrétien est complètement constitué en Syrie au VIe siècle. Le rhéteur Choricius de Gaza a laissé une description des peintures qui ornaient l’église de sa ville : toute l’iconographie chrétienne y figure et l’on y trouve même le sujet peu répandu encore de la Crucifixion. A peine entamée par l’hellénisme, la Syrie a toujours accueilli les influences mésopotamiennes ; les querelles théologiques du VIe siècle ont précipité la décadence de l’hellénisme et favorisé la renaissance de la langue araméenne, qui devint la langue des églises hérétiques, de l’église nestorienne réfugiée en Perso comme de l’église jacobite de Syrie. Là aussi l’hellénisme allait disparaître.


IV

De toutes ces provinces de l’art oriental, l’Egypte est celle qui a donné jusqu’à ce jour la plus riche moisson. Grâce à l’immutabilité de ses usages funéraires, au caractère conservateur de sa race, elle garde, pour ainsi dire superposées comme des