Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/633

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arabes furent supprimés, les écoles franco-arabes disparurent peu à peu, et en 1882, il n’en restait plus que 13 pour toute l’Algérie, ne comptant pas plus de 3 172 enfans musulmans inscrits. Une telle situation, si désastreuse au point de vue de notre influence sur la race indigène, ne pouvait durer. Le 14 février 1883 paraissait un décret d’organisation qui édictait le principe de l’obligation scolaire pour les enfans indigènes du sexe masculin, et le 30 octobre 1886, la loi sur l’instruction primaire, qui fut déclarée applicable à l’Algérie. Un décret de 1892 fixa l’organisation des écoles, la procédure des créations, le traitement du personnel, détermina que toute commune d’Algérie devrait être pourvue d’écoles en nombre suffisant pour recevoir tous les garçons indigènes d’âge scolaire, et institua des commissions scolaires de notables musulmans pour concourir à l’exécution de la loi. Pourtant, et malgré toutes ces mesures, l’instruction des indigènes ne s’organise que lentement. C’est ainsi qu’en 1902 l’effectif des élèves indigènes ne s’élevait qu’à 25 921. Ce n’est pas que ceux-ci soient réfractaires, comme on l’a dit, à l’enseignement. Bien au contraire. Les documens officiels montrent en effet que l’effectif moyen des classes d’indigènes est plus élevé que celui des classes européennes (41,38 contre 39,36) et que la fréquentation y est plus régulière, puisque la proportion des absens chez les indigènes a été de 11,04 pour 100 contre 11,42 pour 100. Mais c’est que l’ouverture des écoles dépendant en grande partie de la bonne volonté des communes, celles-ci ne s’empressaient guère de provoquer ces créations, et il a fallu que, dans le dernier emprunt que le gouvernement de l’Algérie a demandé à la métropole de conclure, une somme spéciale fût réservée, sur les instances du gouvernement français, à l’ouverture d’écoles indigènes, de telle façon que, dans un avenir peu éloigné, la plus grande partie des enfans indigènes du sexe masculin puissent recevoir une instruction primaire dans des locaux appropriés.

Les lois et décrets dont nous venons de parler ne s’appliquent qu’à l’enseignement primaire, mais on ne saurait négliger non plus l’enseignement supérieur donné aux indigènes dans les medersas, écoles musulmanes qui sont surtout destinées au recrutement des fonctionnaires musulmans. Ces écoles qui étaient tombées au rang de médiocres écoles primaires ont été l’objet d’une sérieuse réforme et peuvent fournir aujourd’hui