Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 50.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Que l’ouragan, qui fait frissonner tes agrès,
Joue avec ta quille et ta voile,
Ne va pas renier tes Dieux et ton Étoile,
O nef, sans eux tu sombrerais !


CHANT ARYEN


Au temps des Aryas, dans les plaines d’Asie,
Que borde à l’horizon la crête du Pamyr ;
Quand le prêtre invoquait l’Aurore cramoisie,
Quand au cœur des héros ruisselait l’ambroisie
Qui coule du ciel large en un puissant respir ;

Parfois un jeune chef assoiffé de conquête
Quittait le sol natal, ceint de chars et d’épieux,
Libre cité volante aux combats toujours prête,
Adorant la Lumière et bravant la Tempête,
Cité de laboureurs-guerriers et fils des Dieux.

Entouré de ses pairs, ses compagnons de marche,
Vers la montagne sainte, aux tombeaux des aïeux,
Le nouveau chef allait avec le patriarche.
L’Aurore immense devant eux ouvrait son arche
Et sur le mont fumait l’autel prestigieux.

Et le feu jaillissant, l’Esprit pur, la Parole,
Ormuz disait alors à ce héros naissant :
« — Songe au sommet natal, jeune aiglon qui t’envoles,
Sur la terre étrangère emporte l’auréole
Dont j’embrase pour toi l’autel incandescent.

« L’homme descend des Dieux, revêtus de lumière.
Il est fait pour combattre et, d’un pas fort et sûr,
Labourer et semer et rebâtir sur terre
Ce que le ciel d’Indra, dans sa splendeur première,
Contient de plus puissant, de plus beau, de plus pur.