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reconnues à ce port, il ne peut s’acquitter de cette tâche, que d’une façon fort imparfaite.

Si, sur l’Océan, Brest n’était pas secondé par un meilleur soutien, sa situation serait trop isolée, à peu près comme l’était celle de Toulon avant la création de Bizerte.

Quel sera donc le soutien indispensable de Brest sur l’Océan ?

La configuration du littoral ne nous permet d’hésiter qu’entre un bien petit nombre de points. Car si nos côtes, merveilleusement découpées, si nos estuaires fournissent des abris sans nombre à des bâti mens isolés, il n’y a que peu de mouillages adaptés aux exigences des escadres.

Examinons d’abord Lorient. Sa rade est très sûre. L’arsenal a été spécialisé, avec succès, dans les constructions navales.

Possédant une main-d’œuvre nombreuse, habile, et un outillage perfectionné, il rendrait en temps de guerre de précieux services par la rapidité avec laquelle il pourrait remettre en état les unités isolées qui viendraient lui demander de réparer leurs avaries. Au moment de la mobilisation, il armerait une partie des navires dont Brest aurait été débarrassé. Malheureusement, sa rade ne peut recevoir, à la fois, que deux ou trois navires au plus et encore doivent-ils attendre l’heure de la marée pour entrer. Une escadre ne peut s’y réfugier. Ce ne saurait être le soutien dont nous avons besoin.

La baie de Quiberon offre un bon mouillage pour une grande force navale. Mais la région voisine est dépourvue de ressources, elle est très mal desservie par les voies ferrées. Les communications avec Lorient sont longues et difficiles. C’est à juste raison qu’on n’a jamais essayé d’y fonder un établissement permanent.

En continuant de longer le littoral vers le Sud, on ne rencontre aucun mouillage propre à abriter une escadre avant d’arriver aux rudes de Rochefort.

Ces rades, qui s’étendent entre l’île d’Oléron, l’île d’Aix, La Pallice et l’île de Ré, offrent un mouillage accessible par tous les temps, à toute heure de marée et très sûr. Elles sont à l’abri d’un blocus d’abord parce qu’elles ont trois issues qui exigeraient des forces considérables pour être masquées à la fois, et ensuite parce qu’elles sont à une grande distance de toute côte étrangère. Elles ont l’avantage d’avoir derrière elles la riche contrée du Sud de la Loire qui fut la suprême ressource du pays lors