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s’il ne se fût agi en cela que de se faire valoir, il eût réussi plus que Patru.

Charles Perrault revint à la littérature. A l’imitation, comme il le dit lui-même, de la Métamorphose des yeux de Philis en astres, de l’abbé de Serisy, il fit le portrait d’Iris. Vous ne sauriez croire combien ce poème avait de mérite : « Je n’ai rien fait de meilleur, dit l’auteur lui-même, dans ce genre-là ; tant il est vrai que quand on a le goût naturellement on fait aussi bien quand on commence que dans la suite et que la différence n’est guère que dans la plus grande facilité de composer, que l’on acquiert avec le temps… » Le portrait d’Iris eut du reste cet honneur que Quinault le donna comme sien, ou le laissa croire sien, dans une de ses aventures galantes. Voilà qui flatte un poète. Il faut être riche ou considéré comme tel pour être volé.

Aussi Charles Perrault redoubla en composant le Dialogue de l’amour et de l’amitié, « qui eut beaucoup de vogue, qui fut imprimé plusieurs fois, qui fut traduit en italien par deux personnes différentes et que M. Foucquet fit écrire sur du vélin avec de la dorure et de la peinture. »

C’est en 1663 que la grande fortune vint à Charles Perrault et par suite à son frère Claude. Dès la fin de 1662, Colbert, sachant que le Roi allait le faire surintendant des bâtimens et que cette charge, à cause du goût croissant de Louis XIV pour les constructions, serait des plus considérables, songea à organiser ce que nous appellerions son cabinet de surintendant des bâtimens. Il pensa à deux choses : aux bâtimens eux-mêmes, pour quoi il lui faudrait des hommes qui se connussent bien en architecture ; et aux inscriptions, médailles et autres choses semblables, destinées, comme les monumens proprement dits, à consacrer la gloire du Roi, pour quoi il lui faudrait des hommes de lettres savans et ingénieux. Il jeta les yeux sur Chapelain, l’abbé de Bourseis, l’abbé de Cassagnes et Charles Perrault et de ces quatre messieurs il forma une petite académie. Disons tout de suite que cette compagnie fut presque aussitôt désignée et connue sous ce nom de « petite académie, » et que plus tard, en 1701, elle devint l’Académie royale des inscriptions et médailles et en 1716, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, titre qu’elle a gardé, en l’illustrant, jusqu’à nos jours.

Quant à Charles Perrault, en même temps que membre de