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qu’il devait considérer comme dévolue aux troupes anglo-égyptiennes par suite de la conquête d’Omdurman. »

Quant aux territoires du Bahr-El-Ghazal, « lord Salisbury me dit que, ce territoire faisant précisément l’objet de contestations entre nous, il devait demander que nous nous retirions jusqu’à la ligne de partage des eaux, sauf à nous à faire les réserves de droit que nous jugerons utiles. »

M. de Courcel prend texte de cette réponse. Il rappelle la proposition qu’il a faite d’une délimitation amiable. C’est ici le point où tout va se rompre :

« Lord Salisbury me presse, alors, avec insistance, de lui faire des propositions, si mes instructions m’y autorisaient. »

Malheureusement, M. de Courcel est obligé de reconnaître qu’il n’a pas d’instructions ; il ne peut sortir, cette fois encore, des généralités déjà produites. « Je lui dis que, quoique je n’eusse pas d’instructions nouvelles, je me croyais autorisé par vos directions antérieures à revendiquer, pour les territoires français du bassin du Congo, la possession de leur débouché nécessaire sur le Nil, qui était la vallée du Bahr-El-Ghazal ; qu’il me semblait de l’intérêt commun de la France et de l’Angleterre de ne pas intercepter cette voie naturelle du trafic de l’Afrique centrale, dont, au besoin, l’usage pouvait être garanti au commerce au moyen de stipulations spéciales, analogues à celles qui avaient été conclues pour les territoires du Niger… Si nous nous mettions d’accord, la question de Fachoda ne serait plus une cause de difficultés et disparaîtrait d’elle-même. »

« Lord Salisbury dit qu’il réfléchirait au désir que je lui manifestais de voir un accès réservé à la France sur le Nil par le Bahr-El-Ghazal et qu’il se concerterait avec ses collègues du Cabinet. » En réalité, le terrain de la discussion se dérobait, faute de précision. C’est ce qui ressort du compte rendu que lord Salisbury fait, à son tour, du même entretien, dans une lettre à l’ambassadeur d’Angleterre à Paris.

« Au début de l’entretien, l’ambassadeur a insisté sur ce qu’il n’avait pas d’instructions et qu’il voulait seulement, dans une conversation avec moi, étudier la question… Je déclinai, cependant, de faire, dans ces conditions, une proposition ou une suggestion quelconque, en lui faisant observer que tout ce que je dirais engagerait mon gouvernement, tandis que tout ce qu’il dirait n’engagerait pas le sien… » « L’ambassadeur déclara que