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la frontière du Tonkin ; il se retrouvé dans les débats passionnés au sujet des affaires grecques, turques, arméniennes. Comme s’il était possible de suivre, partout à la fois, une politique entreprenante, offensive, et cela en un temps où les passions intérieures les plus vives étaient déchaînées !


Trois mois s’écoulèrent, de la chute, du Cabinet Méline aux premières nouvelles de la rencontre entre le sirdar Kitchener et le capitaine Marchand. D’après le Livre Jaune, c’est le 8 septembre, qu’à propos du succès définitif de l’expédition anglo-égyptienne, le sujet fut, pour la première fois, abordé à Paris. Cet entretien du ministre des Affaires étrangères français, et de sir Edmund Monson respire toute l’émotion d’une heure si critique. « Nous ignorons où se trouve présentement le capitaine Marchand, dit le ministre ; quelle que soit la localité où ait pu le conduire la nécessité de garantir contre les derviches nos possessions africaines, il ne faut pas perdre de vue qu’il n’appartient ni au capitaine Marchand ni au général Kitchener de tirer les conséquences politiques des expéditions qu’ils ont eu à diriger. C’est l’affaire des deux gouvernemens et elle ne saurait être réglée sur place. »

Malheureusement, le fait accompli permet à lord Salisbury de répondre par un premier refus à cette ouverture. Voici, dès lors, la thèse anglaise : « Tous les territoires soumis au Khalife passèrent, après les événemens de la semaine passée, aux gouvernemens britannique et égyptien. Le gouvernement est d’avis que ce droit n’admet pas de discussion… »

Il semble, cependant, que l’esprit naturellement conciliant du marquis de Salisbury ne se dérobe pas encore à toute négociation ; car il ajoute, dans sa communication officielle et écrite : « toutes les questions territoriales actuellement en controverse dans ces régions, qui ne se trouvent pas affectées par la considération sus-mention née, seraient naturellement réservées pour la tractation proposée. » Aucune question territoriale n’étant en controverse dans ces régions que celles ayant trait aux territoires du bassin du Nil, selon qu’ils faisaient partie ou non de l’ancienne domination égyptienne, on peut admettre qu’une certaine marge restait encore.

Le 17 septembre, on apprenait que le sirdar était parti pour Fachoda à la rencontre du capitaine Marchand, et c’est le 20