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James Watt, n’ignoraient pas que la vapeur d’eau peut acquérir une puissance mécanique prodigieuse. Ils expliquaient déjà, à l’aide de la vaporisation subite d’une certaine masse de ce liquide, les effroyables tremblemens de terre qui, en quelques secondes, lancent l’océan hors de ses limites naturelles ; qui renversent, jusque dans leurs fondemens, les monumens les plus solides de l’industrie humaine ; qui créent subitement au sein des mers profondes des écueils redoutables ; qui font surgir de hautes montagnes au centre même des continens. »

Enfin la détermination, par des méthodes qu’il est d’ailleurs très urgent de perfectionner, de la profondeur des centres d’ébranlemens séismiques vient corroborer encore la même interprétation, puisque cette profondeur est bien au-dessus de la limite inférieure de la croûte, ce qui prouve que la matière nucléaire n’intervient pas directement dans ces phénomènes. Par exemple, le centre du séisme de 1857 était peut-être à huit kilomètres seulement, soit à une profondeur correspondant à 240° de température : celui du 25 décembre 1884 en Espagne à onze kilomètres (333°), celui du 27 août 1886 à Charleston à dix-neuf kilomètres (570°). Tout à fait exceptionnellement, celui du tremblement de l’Inde en 1869 fut, d’après Oldham, à quarante-huit kilomètres (1240°).

Il n’est pas utile d’insister sur le travail dont peut être le siège une crevasse séismique qui, en laissant choir successivement des blocs humides plus ou moins gros et à intervalles variables, expliquera toutes les répétitions possibles du phénomène ; mais il est intéressant de montrer que la manière de voir précédemment résumée laisse comprendre une des particularités les plus curieuses du séisme : celle qu’a le centre d’ébranlement de se déplacer progressivement et plus ou moins vite, dans une direction déterminée et qui est celle de la cassure génératrice. Une telle cassure, comparable à la fêlure d’un vase de faïence grossière, doit tendre à s’allonger dans sa direction primitive. Chemin faisant, elle détermine la chute de fragmens qui, chacun à son tour, engendre l’explosion motrice. De cette manière, on s’explique qu’un tremblement de terre puisse, comme on l’a vu plus d’une fois, mettre plusieurs jours ou même plusieurs semaines à remonter telle vallée des Alpes ou même à fournir quelque itinéraire beaucoup plus long.