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existence de jaillissemens chauds, aujourd’hui taris. C’est ce qui se voit, par exemple, en Suède et en Ecosse, bien que dans ces pays il soit facile de retrouver, presque à chaque pas, des vestiges d’éruptions de roches. Mais celles-ci, et cette constatation mettra le sceau à la démonstration, sont, par leur aspect, encore plus éloignées que les précédentes des volcans proprement dits. Il a fallu toute la sagacité de sir Archibald Geikie pour reconnaître dans la structure de ces massifs la preuve de l’ancienne existence du phénomène volcanique. Les cratères ont disparu depuis des temps indéfinis et leurs débris se sont éparpillés de tous côtés ; les coulées elles-mêmes ont été emportées grains à grains par les intempéries, et pendant de longues années on a été porté à croire que les roches éruptives remplissant les cheminées dérivaient d’un mécanisme tout différent de celui que nous voyons à l’œuvre.

Ce fut une grande découverte que celle d’un terme stratigraphique commun à toutes les éruptions volcaniques, qu’elles seules peuvent produire et qui défie en maintes circonstances les entreprises de l’érosion. Il s’agit des couches de cendres déposées en lits réguliers dans les bassins des lacs ou des mers situés à proximité des bouches ignivomes et qui, à cause du siège de leur accumulation, contiennent à la fois des élémens minéralogiques d’origine profonde et des débris provenant des régions superficielles, en première ligne des fossiles. On donne à ces roches ambiguës le nom de cinérites et on les exploite en bien des cas pour diverses applications. Les restes organiques qu’elles contiennent nous fournissent des documens sur la flore et la faune de leur temps, comme le feront, avec leurs vestiges de plantes et d’animaux romains, les cendres récentes de Pompéi pour les géologues de l’avenir. Ainsi, la petite ville de Thann, en Alsace, est assise sur une épaisse formation porphyrique procurant de gros blocs qui, après le polissage, méritent de figurer parmi les plus précieux matériaux de décoration, et ce n’est pas sans surprise qu’on voit, au travers des bancs recoupés par le front de taille des carrières, de grands troncs d’arbres avec leurs rameaux et leur fructifications, pétrifiés mais parfaitement conservés.

Eh bien ! les localités de Scandinavie et d’Ecosse dont nous venons de parler montrent des cinérites de variétés fort diverses, qui révèlent la contribution active fournie à la surface du sol