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Picéniens fut interrompue par une commotion du sol. Dans les livres saints, la terre est fréquemment agitée : « Les collines bondissent comme des béliers, » dit le Psaume. Pour les Chinois, les secousses résultent des mouvemens du Dragon sacré qui soutient le monde, et l’un de leurs motifs pour s’opposer aux travaux miniers est le respect et la crainte qu’ils ont de la divinité souterraine.

A mesure que les notions scientifiques se répandaient, on chercha des causes naturelles aux phénomènes séismiques : on en crut trouver sans peine et sans preuve, dans l’atmosphère par exemple, et dans les astres. Arago lui-même se demandait s’il ne fallait pas considérer à cet égard la sécheresse de l’air, son état électrique, sa pression ou encore le magnétisme terrestre, et il ajoutait avec sa sagesse ordinaire : « Adopter d’emblée les opinions populaires, c’est s’exposer à introduire dans la science, et à son grand détriment, une multitude de notions confuses, appuyées sur des phénomènes mal vus ou mal discutés ; rejeter les mêmes opinions sans examen, c’est manquer assez souvent l’occasion de quelque importante découverte. »

Pour ce qui est de l’allure du baromètre, Robert Mallet a pensé voir que les basses pressions sont favorables aux séismes, et plus récemment d’autres auteurs ont repris la même thèse. Fuchs note que le tremblement de terre de janvier 1873 à Grossgerau (Suisse) fut précédé d’une chute barométrique et d’une tempête ; mais il peut y avoir simple coïncidence et on sait que, d’après le grand Humboldt, les secousses si fréquentes dans les régions tropicales n’affectent en rien la régularité bien connue de la colonne mercurielle dans ces contrées.

Le rôle de la pluie dans la production des tremblemens de terre est si solidement admis par certaines populations qu’aux Moluques on voit des tribus entières abandonner leurs maisons dans la saison humide et se réfugier dans des cabanes construites légèrement. Les mois d’été de 1755, qui précédèrent le tremblement de terre de Lisbonne, avaient été remarquables par l’abondance des pluies. Les indigènes de l’Amérique équatoriale admettent que la chute de la pluie est souvent la conséquence des tremblemens de terre. Malgré l’invraisemblance de ce rapprochement, Humboldt rapporte complaisamment que, dans la province de Quito, de violentes secousses amenèrent