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Elles peuvent exercer une action d’autant plus rapide et d’autant plus grande, qu’il suffit d’un faible déplacement de voix pour modifier la répartition des mandats législatifs. L’absence d’un second tour de scrutin, surtout depuis l’avènement du Labour Party, fausse complètement les résultats de la consultation électorale. Dans les circonscriptions de Manchester (N. O.), Pudsey, Haggerston, Newcastle, les conservateurs ont enlevé les quatre sièges aux radicaux, qui les détenaient depuis 1906 ; et cependant, ils ne pouvaient opposer que 27 691 électeurs aux 23 763 bulletins libéraux et aux 5 524 votes socialistes. Le bloc démocratique, si un second tour lui avait permis de se constituer, aurait disposé d’une majorité de 1 696 voix, et conservé trois des sièges sur quatre. Ajoutez encore que la répartition archaïque des mandats parlementaires, en favorisant les petites villes et les centres ruraux, altère la valeur représentative des consultations électorales, facilite les surprises au profit tantôt d’un parti, tantôt d’un autre, mais d’une manière générale, aux dépens des classes ouvrières. Une commission, désignée au mois d’août 1905, par le Cabinet Balfour, a dû constater qu’un remaniement équitable et logique des circonscriptions devrait entraîner la suppression de 21 sièges en Angleterre, 2 dans le Pays de Galles, 4 en Écosse et 25 en Irlande, et la création de 41, 2, 7 et 2 nouveaux mandats, pour les quatre grandes provinces du Royaume-Uni.

Pour ces raisons d’ordre administratif, législatif et psychologique, les radicaux, qui n’ont point encore dressé le plan d’une réforme électorale, ont pu constater que la fragilité des majorités électorales ne cesse de grandir. En trois ans, les conservateurs gagnent neuf sièges, les socialistes enlèvent deux mandats, tandis que les libéraux n’enregistrent aucune victoire nouvelle. Si l’on dresse le bilan des voix recueillies, au cours des 45 élections, qui donnèrent lieu à un scrutin, il est impossible de ne pas constater l’importance de la réaction conservatrice. Les Unionistes voient l’effectif de leurs soldats passer de 192 000 à 218 000, gagner 26 000 voix, tandis que leurs adversaires tombent de 246 500 à 211 500, perdent 35 000 votes. En 1906, dans ces 45 circonscriptions, les radicaux avaient eu une majorité de 28 pour 100. Elles donnent aujourd’hui aux conservateurs une avance de 3 pour 100.

Le flux monte avec une force progressive. En 1906, en 1907,