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marchande amorce une étape de plus dans la voie de l’interventionnisme, quand elle impose à l’armateur l’obligation d’assurer à ses marins les services d’un cuisinier diplômé et de leur donner un menu dûment fixé. Le Hours in coal mines act fait un second pas, quand il accorde aux ouvriers des mines la journée de huit heures. De nouveaux efforts ont été faits pour l’introduire dans les établissemens et entreprises dépendant de l’Etat. Et lorsque les ministres contraignent leurs fournisseurs à ne point faire travailler à domicile, ou lorsque M. Gladstone étend le contrôle de son inspection sur les ouvriers à façon, victimes du marchandage, il restreint, d’une façon plus rigoureuse encore, la liberté de l’adulte, puisque la Loi vient frapper à sa porte et s’installer sous son toit.

Pour assurer le fonctionnement de cet organisme, dont la complexité s’accroît, dont les tentacules s’allongent, de jour en jour, l’autorité législative et administrative a besoin de collaborateurs. Les radicaux lui en reconnaissaient deux : le syndicat ouvrier et la municipalité socialiste.

Les Trade-Unions ont trouvé dans les décisions des ministres et dans les votes des députés de précieux encouragemens. Dès leur arrivée au pouvoir, le secrétaire d’Etat à la Guerre, le président du Board de l’Amirauté, le maître général des Postes ont posé en principe que leurs ouvriers et leurs agens pourraient se faire représenter, auprès du ministre saisi de leurs revendications, par le bureau des Syndicats. Et le 3 septembre 1907, au congrès des Trade-Unions tenu à Bath, le président A. H. Gill s’est écrié : « C’est là un privilège (sic), pour lequel nous avons lutté depuis de nombreuses années, et qui nous avait été refusé, avec intransigeance et obstination, par tous les gouvernemens, qui se sont jusqu’ici succédé au pouvoir. » Quelques mois après, le Cabinet donnait aux Trade-Unionistes une nouvelle preuve de ses sympathies, en substituant au projet de loi ministériel les amendemens du Labour Party, qui accordent aux syndicats la liberté pour leurs patrouilles et l’insaisissabilité pour leurs caisses.

L’activité industrielle des corps élus constitue, — aux yeux des radicaux, — au même degré que le contrôle corporatif des syndicats ouvriers, une force nécessaire pour organiser la vie économique. On chercherait en vain, dans les discours du Très Hon. H. H. Asquith, ce juriste saxon à l’esprit précis et à la