Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/666

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’exploitation des envois en nourrices (baby farming), la rapacité d’orphelinats en apparence charitables, les dangers du vagabondage et l’abus du tabac, les contacts des débits de boisson et des maisons de correction.

Quoi qu’en aient dit les suffragettes, heureuses de dépenser, dans des bagarres souvent grossières et toujours inutiles, cette ardente vitalité, qui est un des caractères de la femme anglaise, les interprètes du néo-radicalisme ont tenu compte des revendications féministes. Non content de protéger le sexe faible contre le danger de mariages avec des étrangers trop habiles à exploiter les ressources de textes inconnus, le législateur a donné à l’épouse le droit de disposer librement de sa fortune personnelle et de la confier à un mandataire juridique (trustee). L’ouvrière n’a point été oubliée. Le travail de nuit a été supprimé conformément aux exigences des conventions internationales. L’inspection des blanchisseries et des orphelinats a été décidée. Et M. Gladstone a étendu, par décret, à dix industries, les restrictions imposées, au nom de l’hygiène, au travail à domicile, par un texte antérieur. Si le droit de vote n’a été encore accordé ni aux ouvrières, ni aux bourgeoises, du moins, en vertu des deux lois de 1907, les femmes, qui paient des taxes municipales, pourront-elles prendre part aux élections locales, revêtir le manteau de fourrure et la chaîne d’or de councillor ou d’alderman.

Les vétérans, blanchis sous le rude harnais du labeur manuel, ont vu, depuis le 1er janvier 1908, poser le principe et amorcer l’organisation des retraites ouvrières. Tout vieillard de soixante-dix ans, sain d’esprit, qui n’a point subi de condamnation ou n’est pas actuellement à la charge de l’Assistance publique, touche une pension qui varie de 325 francs, quand les revenus ne dépassent pas 525 francs, à 65 francs pour ceux qui atteignent 687 francs. Demain, les mêmes avantages seront étendus aux pauvres aujourd’hui secourus, sans qu’ils aient, eux non plus, ni à verser une cotisation préalable, ni à solliciter de leur patron une quote-part.

Le sort des invalides a été amélioré. Les bénéfices des lois antérieures sur les accidens du travail ont été étendus à tous les salariés, soit à 6 millions de personnes. L’existence de maladies professionnelles a été reconnue. La durée de l’invalidité légale a été réduite. Le taux des indemnités a été relevé.