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disparaître la divergence de vues existant entre la Russie et l’Autriche-Hongrie par un moyen acceptable pour les deux parties. Dans le communiqué qu’il a fait remettre au Cabinet russe, le Cabinet austro-hongrois ne persiste pas à demander que la question de la Bosnie-Herzégovine soit soustraite à toute discussion des puissances. » Le gouvernement russe s’en félicite, et, l’entente étant devenu possible, il cherche comment on pourrait s’en assurer le bienfait. Ici encore prend-il une initiative propre et qu’il cherche à imposer ? Non, il se réfère à une proposition faite par le gouvernement austro-hongrois, et se contente de s’y rallier.

Il s’agit d’un modus procedendi d’après lequel la discussion des questions soumises à la Conférence serait précédée de pourparlers entre les divers cabinets, de sorte qu’il ne pourrait y avoir, à la Conférence même, ni surprise, ni à-coup. Peut-être la Conférence ne serait-elle plus qu’une chambre d’enregistrement, mais la liberté des puissances se serait exercée par avance et tous les droits auraient été respectés. Ne semble-t-il pas qu’en acceptant cette manière de procéder, proposée par l’Autriche, la Russie donne une nouvelle preuve de son esprit de conciliation ? Où est donc le désaccord qui subsiste encore entre les deux Cabinets de Vienne et de Saint-Pétersbourg ? Il est en ceci, et seulement en ceci, qu’on estime à Vienne que la Conférence devra se borner à supprimer l’article 25 du traité de Berlin, — c’est l’article qui autorise l’Autriche à occuper et à administrer l’Herzégovine et la Bosnie, — et qu’on soutient à Saint-Pétersbourg qu’à la place de l’article supprimé, il faut mettre une clause nouvelle « précisant avec exactitude la nouvelle situation créée en Bosnie-Herzégovine. » C’est surtout à cause de ce passage que la note russe a produit une mauvaise impression à Vienne. On a cru y voir, de la part de la Russie, l’intention de faire dépendre de la Conférence le régime futur de l’Herzégovine et de la Bosnie, et de lui faire prendre des décisions à ce sujet. Les deux provinces appartenant désormais à la couronne d’Autriche-Hongrie, toutes les questions qui s’y rattachent deviennent des questions d’ordre intérieur, et on soutient à Vienne que les puissances n’ont rien à y voir. Soit ; nous comprenons fort bien ce que cette prétention du gouvernement autrichien a de défendable, mais elle n’est pas nécessairement en opposition avec le texte de la note russe. Pourquoi ne pas demander au Cabinet de Saint-Pétersbourg ce qu’il entend par ces mots : « préciser avec exactitude la nouvelle situation créée en Bosnie-Herzégovine ? » Ne peuvent-ils pas avoir un sens acceptable pour tout le monde ? Les