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pénal n’est remplie que d’abolitions, il n’est guère de congrès pénitentiaire ou d’union de droit pénal qui ne réclame des précautions plus minutieuses et des pénalités plus fortes contre les escroqueries financières. Sans doute il ne faut pas plus entraver l’esprit de création chez les capitalistes que le désir d’aller chercher du meilleur travail chez les ouvriers. L’opinion des esprits désintéressés et cultivés est que les liens restrictifs des abus ont été trop desserrés, et que l’intérêt universel exige qu’on les resserre avec discernement.

En définitive, malgré toutes les révolutions accomplies ou menaçantes, chacun persiste à tenir à sa tranquillité, à la sécurité de sa maison et de son travail, à la jouissance de ses bénéfices. Le socialiste de l’avenir pourra préférer à la monnaie des bons de travail ou des bons d’échange : il n’admettra jamais qu’on les lui truque ou qu’on les lui voie. On a eu beau démocratiser le jury de plus en plus : il n’en devient que plus exigeant devant les recrudescences de criminalité qui l’effraient à bien juste titre. Il y a donc encore de beaux jours pour les discussions savantes des criminalistes.

Par la pénalité, la société se défend, elle se défend contre une atteinte réalisée par un acte extérieur, acte achevé ou inachevé, mais assez prononcé pour que le corps social se sente positivement lésé dans un de ses membres. Il ne peut y avoir de délit d’opinion, tant que l’opinion ne va pas ostensiblement provoquer par sa propagande des actes tenus pour contraires à l’ordre public. Il ne saurait y avoir de procès de tendance pas plus que d’investigation dans les consciences, pas plus que de recherches arbitraires dans la vie privée, dans le domicile, dans la correspondance des gens qui n’ont encore contribué ou paru tout au moins contribuer à aucune lésion de cette nature. L’acte une fois constaté, doit-on en mesurer matériellement les conséquences et ne le juger que par les résultats de fait ? On s’accorde à penser que la justice doit atténuer la peine quand la perversité de l’intention lui semble légère. Ne doit-elle pas aggraver son châtiment quand cette perversité lui paraît profonde ? C’est là un point sur lequel discutent encore à l’heure actuelle un grand nombre de pénalistes.

On peut remarquer ici en effet une divergence analogue à