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impériale allemande pour lui et ses successeurs. Il acceptait cette dignité et il faisait part de sa résolution au peuple allemand par une proclamation en date de ce jour qu’il ordonnait à son chancelier de lire. Alors le comte de Bismarck lut d’une voix saccadée la proclamation par laquelle Guillaume, par la grâce de Dieu, roi de Prusse, déclarait :

« Sur l’appel unanime qui nous est adressé par les princes et les villes libres d’Allemagne pour qu’au moment où est créé le nouvel Etat allemand nous restaurions et nous prenions nous-même la dignité impériale allemande qui depuis soixante ans n’a pas été exercée, et après que les dispositions correspondantes ont été introduites dans la Constitution allemande, nous avons considéré comme un devoir envers la patrie de donner suite à cet appel des princes et des villes alliées et d’accepter la dignité impériale allemande.

« En conséquence, nous et nos successeurs porterons désormais le titre impérial dans toutes nos relations et affaires de l’Empire allemand et nous espérons en Dieu que, sous l’égide de l’antique grandeur de la patrie, un avenir heureux sera réservé à la nation allemande. »

Le nouveau monarque acceptait la dignité impériale avec la Fédération allemande, promettant de protéger les droits de l’Empire et de ses membres, de défendre l’indépendance de l’Allemagne appuyée sur la force réunie de son peuple et de sauvegarder une paix durable, « protégée par des frontières capables d’assurer à la patrie des garanties contre de nouvelles attaques de la France. » Il demandait à Dieu d’être « le toujours Auguste de l’Empire, non pas en conquérant, mais en prodiguant les dons et les bienfaits de la paix sur le terrain du bien-être, de la liberté et de la morale. » Le discours et la proclamation furent acclamés avec un enthousiasme frénétique. Les députés qui assistaient à la cérémonie purent seulement remarquer que pas une fois mention n’avait été faite du vote du Reichstag ni du vote des autres Parlemens. On attendait encore celui de Bavière qui ne se prononça que trois jours après par 102 voix contre 48. Il convient de constater aussi que le discours du Roi portait les mots « Empire d’Allemagne, » mais que, dans la proclamation officielle, on y avait substitué les mots « Empire allemand. » C’est par erreur que le Moniteur officiel de Seine-et-Oise, journal du roi de Prusse, avait dit que le grand !