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les Etats allemands. Je me suis déclaré prêt à accepter cette réunion des pouvoirs en une seule main, dans la conviction qu’elle répond aux intérêts communs de la patrie allemande et des princes allemands confédérés, mais en même temps aussi dans la confiance que les droits, d’après la Constitution de la Présidence fédérale, seront, par le rétablissement d’un Empire allemand et de la dignité d’Empereur allemand, désignés comme les droits que Votre Majesté doit exercer au nom de la patrie allemande sur la base de l’union de ces princes. Je me suis donc adressé aux princes allemands en leur demandant de se joindre à moi pour proposer à Votre Majesté qu’à l’exercice des droits de la Présidence fédérale soit attaché le titre d’Empereur allemand. » En même temps que cette lettre, Louis II en adressait une autre aux monarques allemands pour les inviter à transférer « à l’héroïque roi de Prusse » les droits des Empereurs allemands. Il se disait heureux de pouvoir se considérer comme appelé par sa position en Allemagne et par l’histoire de son pays « à faire le premier pas vers le couronnement des œuvres d’unification allemande. » A la veille de la nouvelle année, le 29 décembre, le roi de Bavière ajouta aux souhaits habituels pour le roi de Prusse le vœu que le souverain pût accomplir les désirs nationaux de l’Allemagne. « Si ces espérances se réalisent, ajoutait-il, si l’Allemagne unie parvient à pouvoir garantir par ses propres forces sa paix extérieure avec des frontières offrant toute sécurité, sans que le libre développement des différens membres de la Confédération soit compromis, l’attitude décisive qu’a prise Votre Majesté dans la reconstitution de la patrie commune restera à jamais inoubliée dans l’histoire et lui vaudra la reconnaissance éternelle des Allemands. » Il convient de remarquer avec quelle insistance le roi de Bavière, tout en cédant à la force des événemens et en consentant à la formation de l’Empire, cherchait à maintenir l’indépendance de son royaume et celle des autres. Il ne répétait d’ailleurs que ce que lui avait fait dire Bismarck et croyait fermement au maintien des droits assurés par la Constitution fédérale aux divers membres de la Confédération. « A ma confiance dans les sentimens nationaux de ces dynasties correspond le respect scrupuleux de leurs droits, a déclaré tout dernièrement le prince de Bülow. Il n’est permis à aucun chancelier allemand de s’écarter jamais de la voie qu’a tracée Bismarck. »