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par aucune difficulté. On sait comment le succès a répondu à tant d’habileté et à tant d’efforts.

L’unité commencée par les guerres contre le Danemark et l’Autriche, allait se consolider par la guerre contre la France. Les Allemands du Nord et du Sud marchèrent contre nous comme un seul homme, et cette union que les hostilités nouvelles avaient faite momentanément, Bismarck devait, par sa politique, la transformer en unité définitive, unité dont le prince de Bülow louait récemment la puissance inébranlable et en reportait « au plus Allemand des Allemands » le légitime honneur.

Pour celui qui examine les faits rapidement et se borne à un bref coup d’œil, la tâche paraît de prime abord assez facile. Les victoires ont dû tout aplanir et celui qui a contribué, plus que personne, à les assurer, était sans aucun doute tout-puissant. Erreur grave ! Aucune opération ne fut plus dure que celle-là. « Pour satisfaire les vieux Prussiens, les patriotes unitaires et les Bavarois particularistes, pour concilier les Junkers férus de réaction et les gens de Gotha épris de liberté, pour forger un Empire tout ensemble d’autorité et de régime parlementaire, pour contenter le Roi et son fils, les princes et les peuples, Bismarck va peiner pendant quatre mois, empruntant la forme au passé et les idées au temps présent, ne s’inféodant à aucun parti, mélangeant le droit divin et le droit des peuples, donnant et refusant à tous. »

Dans le troisième et dernier volume que M. Paul Matter a consacré à l’histoire de M. de Bismarck et son temps[1] et dont j’ai détaché ces dernières lignes, volume qui comprend en ses divers chapitres la candidature Hohenzollern, la dépêche d’Ems et la Déclaration de guerre, les faits mémorables qui se sont déroulés de Berlin à Sedan et de Sedan à Versailles, le traité de paix et la consolidation de l’Empire allemand, la libération du territoire français, puis le Kulturkampf et l’alerte de 1875, le congrès de Berlin et l’alliance austro-allemande, la politique intérieure et extérieure de l’Empire de 1879 à 1889, enfin la chute de Bismarck et ses dernières années d’exil et de rage, tous événemens décrits avec science et talent par un auteur très bien informé, j’ai choisi pour sujet de cette étude « la Renaissance

  1. Alcan éditeur, 1 vol. in-8, 1908.